Premier/e Néonatalogie : Le plus petit prématuré du monde grandit Affichant un poids de 244 grammes au terme des 26 semaines de gestation, Rumaisa Rahma se trouverait aujourd'hui dans un état «stabilisé», à un peu plus d'un kilo. (Photo Getty Images/AFP.)   Repoussant les limites du vivant au risque de mettre au monde un être d'une extrême fragilité, des médecins américains ont fait naître, le 19 septembre dernier, le plus petit bébé «viable» de l'histoire humaine. Affichant un poids de 244 grammes seulement au terme des 26 semaines de gestation, Rumaisa Rahma a en effet survécu trois mois et se trouverait dans un état «stabilisé», pesant aujourd'hui un peu plus d'un kilo. C'est en tout cas ce qu'ont annoncé avant-hier, au cours d'une présentation à la presse, les responsables du centre médical universitaire Loyola de Maywood (Illinois). La décision de mettre au monde Rumaisa et sa soeur jumelle, Hiba – qui pèse aujourd'hui 2,25kg –, a été prise après le diagnostic, chez leur mère, d'une maladie qui, caractérisée par une pression sanguine anormalement élevée, la menaçait à court terme, ainsi que ses deux filles. «Après avoir amené la maman au stade critique des 26 semaines, nous nous sommes dits : maintenant, il faut les sortir de là», raconte le docteur Jonathan Muraskas. Dans la foulée, le corps médical a déployé un éventail de techniques de réanimation afin de maintenir les deux enfants en vie, jusqu'à ce qu'elles acquièrent une véritable autonomie. Objectif qui, selon eux, pourrait être atteint dans les prochaines semaines. Malgré ce «coup d'éclat» des réanimateurs américains – le record était jusqu'alors détenu par un bébé pesant 280 grammes à sa naissance –, il est un peu tôt pour garantir que Rumaisa pourra à terme jouir d'une vie normale. S'ils permettent en théorie de maintenir artificiellement en vie des êtres nés après 23 semaines de gestation, les immenses progrès accomplis ces vingt dernières années dans le soin néonatal ne protègent en effet pas totalement contre la survenue postérieure de complications graves. Chez les bébés mis au monde à 25 semaines, on estime ainsi que le taux de mortalité atteint 65%, avec des malformations extrêmement fréquentes. Généralement, cette perspective conduit d'ailleurs les médecins à proscrire la réanimation «à tout va», par crainte de donner naissance à de grands handicapés. Confrontés à un cas de figure extrême, les réanimateurs de Maywood ont, eux, décidé de tenter le tout pour le tout.