Annonce Navette : la Nasa suspend ses vols L'incident qui a provoqué l'explosion de «Columbia» en 2003 s'est reproduit lors du décollage de «Discovery». a Nasa a réveillé hier les sept astronautes de Discovery en diffusant What a wonderful world («Quel monde merveilleux») de Louis Armstrong. En réalité, le cauchemar continue pour l'agence spatiale américaine. Deux ans et demi après la désintégration de Columbia lors de son retour sur terre, Houston a dû annoncer mercredi la suspension de vol des navettes spatiales. Ses experts ont découvert que l'incident qui avait provoqué la tragédie du 1er février 2003 venait bel et bien de se reproduire mardi, lors du lancement de Discovery. Valise. L'analyse des images saisies par les 112 caméras disposées sur le fuselage a montré, outre une collision avec un oiseau, qu'au moins deux morceaux de la carapace isolante du réservoir externe se sont détachés au moment de l'ascension en orbite. L'un d'eux de la taille d'une valise (61 cm par 84 cm) ; l'autre de 15 cm de long, mais provenant d'un endroit que la Nasa avait justement tenté de renforcer. D'autres morceaux d'isolant de moindre taille se seraient également détachés. «Quand on a tort, il faut l'admettre, et nous avons eu tort», a concédé le directeur du programme de navettes, Bill Parsons, en annonçant la suspension des vols, dont celui d'Atlantis, qui devait servir de vaisseau de secours pour Discovery. «Ces morceaux de mousse (isolante) n'auraient jamais dû se détacher. Ils se sont détachés et nous devons y remédier.» Ventre. Selon la Nasa, il ne semble pas que ces débris aient heurté la navette, comme cela s'était produit pour Columbia. Plusieurs tuiles thermiques d'une aile avaient alors été arrachées par la projection un morceau d'isolant d'environ 500 grammes, endommageant le bouclier thermique de l'engin, ce qui avait entraîné la surchauffe et la perte d'une aile fatale au vaisseau et à ses sept membres d'équipage lors de sa rentrée dans l'atmosphère. Durant le décollage de mardi, deux tuiles du bouclier thermique de Discovery ont également été endommagées, sans qu'on en connaisse encore la cause. L'une d'elles est située sur un volet du train d'atterrissage avant, l'autre sous le ventre du vaisseau. Les photos prises par la Station spatiale internationale (ISS), juste avant que Discovery s'y amarre, devraient permettre de mesurer la profondeur des entailles et la gravité du problème. Les astronautes de Discovery, qui ont rejoint les deux occupants de l'ISS (un Américain et un Russe), disposent de «kits» d'outillage pouvant permettre de réparer de petits dégâts sur les tuiles thermiques. Mercredi, un porte-parole de la Nasa assurait que les avaries du bouclier ne nécessitaient pas de réparations... L'objet principal de la mission consiste précisément à tester la sécurité de la navette pour l'amélioration de laquelle la Nasa a dépensé plus d'un milliard de dollars. Ambitieux. Juste avant le lancement, l'agence avait expliqué que le réservoir externe était désormais «incontestablement le plus sûr jamais construit». Assurance qui tranchait avec les conclusions émises le 28 juin par le comité d'enquête mis sur pied après le drame de Columbia. Il avait averti la Nasa que la carapace isolante du réservoir principal «continuait d'émettre des débris pouvant endommager la navette». Houston avait passé outre. L'agence était-t-elle pressée par le temps ? Le président George W. Bush lui a, il est vrai, fixé un objectif très ambitieux : envoyer des astronautes américains sur la Lune et vers Mars avant 2020.