Procès Nanterre (Hauts-de-Seine) - Le procès du père François Lefort, un prêtre accusé de viols et d'agressions sexuelles sur des mineurs en 1994 et 1995 au Sénégal, s'est ouvert à Nanterre en présence de cinq des six victimes présumées. Figure des milieux humanitaires dans les années 70 et 80, l'ecclésiastique de 59 ans, qui comparaît libre, clame son innocence. Il encourt jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. Plusieurs dizaines de personnalités se sont rassemblées dans un comité de soutien. La cour devait appeler au total dans la journée de lundi près d'une centaine de témoins et programmer leurs auditions. Les cinq jeunes Sénégalais présents au tribunal, aujourd'hui âgés d'une vingtaine d'années, affirment avoir été victimes d'abus sexuels. Ils se sont assis en face de l'accusé, actuellement curé d'une paroisse rurale de Saône-et-Loire. Plusieurs associations de défense de l'enfance se sont constituées parties civiles. Une sixième victime présumée, écrouée au Cap-Vert, est représentée par un avocat. A l'audience, le parquet a indiqué que les autorités de ce pays avaient refusé de "prêter" le détenu pour qu'il dépose au procès mais elles se sont déclarées en revanche favorables à l'organisation d'une vidéoconférence. La présidente de la cour a demandé un examen des possibilités techniques avant de statuer sur cette audition. L'affaire a commencé en juillet 1995, par la plainte d'une association qui dénonçait des abus sexuels du père Lefort sur des mineurs au Sénégal, dans un foyer d'accueil pour les enfants des rues, et à Neuilly-sur-Seine, au domicile du prêtre. Le père Lefort, qui est également médecin, s'est fait connaître dans les années 70 par son action en faveur des populations des bidonvilles de la banlieue parisienne. Il a été chargé de mission auprès de plusieurs ministres socialistes dans les années 80 puis a mené des actions contre la pédophilie en Mauritanie, puis au Sénégal, à partir de 1985. Sa campagne contre la pédophilie ne serait, selon l'accusation, qu'une "couverture". Elle expliquerait au contraire, pour la défense, la présence de vidéos et de revues pédophiles saisies par la police au domicile du prêtre. François Lefort a été dans les années 90, jusqu'au début de l'affaire, employé par l'ONG Médecins du monde dans plusieurs pays d'Afrique.
