Début Naissance du géant Arcelor-MittalFin du suspens, Arcelor et Mittal ont conclu dimanche un accord. Cette fusion donnera naissance au géant mondial de l'acier, qui comptera avant restructurations 320 000 salariés et produira 116 millions de tonnes annuelles, trois fois plus que n'importe lequel de ses concurrents.NOUVEAU GROUPE, NOUVEAU NOM : ARCELOR-MITTAL"Le conseil d'Arcelor a approuvé l'offre relevée de Mittal Steel", a déclaré une porte-parole de Mittal Steel. "Le siège et le centre décisionnel du futur groupe fusionné resteront à Luxembourg", a précisé le ministre luxembourgeois de l'économie, Jeannot Krecké.Arcelor a accepté une offre améliorée de 10 %, selon le président du conseil d'administration du groupe européen, Joseph Kinsch. L'offre a été examinée dimanche par les administrateurs d'Arcelor, réunis pendant neuf heures pour trancher entre un mariage proposé par le russe Severstal et l'offre de Mittal. Mittal accepterait des cessions d'actifs considérés par Arcelor comme sous-productifs, notamment américains, et d'avoir seulement 45 % du nouvel ensemble, selon une source proche, alors qu'il visait au départ la majorité.Le nouveau groupe a été baptisé Arcelor-Mittal et pourrait conserver le patron exécutif d'Arcelor, le Français Guy Dollé, et son président du conseil d'administration, le Luxembourgeois Joseph Kinsch. Lakshmi Mittal ne serait que vice-président du conseil de surveillance, sans fonctions exécutives. Arcelor a fait une véritable volte-face alors qu'il s'employait depuis des mois à échapper au raid de ce qu'il considérait comme son ennemi juré. Le groupe Mittal s'est dit "ravi" du consentement de la direction d'Arcelor et a estimé "avoir payé le juste prix".Pour faire front, Arcelor avait proposé fin mai un mariage avec le russe Severstal, contrôlé par Alexeï Mordachov. Erreur stratégique car c'était sans compter sur le rejet que susciterait un tel projet de la part des actionnaires et administrateurs d'Arcelor, contraignant la direction à revoir sa position et à engager des discussions avec son rival Mittal Steel."PAS QUESTION DE CAUTIONNER LA FUSION" POUR LA CGTLa CGT d'Arcelor, premier syndicat du groupe en France, a déclaré dimanche qu'il était "hors de question de cautionner" la "fusion purement financière" avec Mittal, et craint des "fermetures de sites", du côté d'Arcelor comme de Mittal, un sentiment partagé par la CFDT qui craint des restructurations aussi en France. "C'est vraiment prendre les gens pour des imbéciles. Faire la guerre anti-Mittal pendant des semaines, avec une propagande incroyable, pour en arriver là... On ne peut pas digérer ça !", s'est insurgé Marc Barthel, délégué national de la CGT. Arcelor emploie 96 000 personnes dans plus de 60 pays, et 27 000 en France. Mittal emploie 225 000 personnes avec 22 sites de production dans 14 pays. Le député UMP Nicolas Dupont-Aignan a jugé que la France devait dire non au "hold-up de Mittal" et appelé le gouvernement à "agir". Le gouvernement français est resté silencieux.Mais ce sont les actionnaires qui décideront au final en acceptant d'apporter ou non leurs titres à l'offre de Mittal, toujours en cours. Ils ressortent grands gagnants de cette guerre : le titre cotait 22 euros le 26 janvier, à la veille de l'annonce de l'OPA de Mittal, qui aujourd'hui va leur en proposer plus de 40. Le gouvernement indien aussi était satisfaite : à Delhi, le ministre du commerce, Kamal Nath, a déclaré dimanche qu'un tel accord "démontrait les capacités entrepreneuriales de l'Inde".SEVERSTAL UTILISÉ PAR ARCELORSeverstal s'est dit de son côté "très surpris" d'avoir été éconduit et n'a pas exclu de modifier une nouvelle fois sa proposition de mariage avec Arcelor. Le groupe sidérurgique européen Arcelor s'est montré très habile en utilisant une proposition concurrente du russe Severstal pour forcer Mittal Steel à améliorer son offre finalement acceptée dimanche soir, ont estimé plusieurs quotidiens russes lundi."En faisant la cour à la fois à [Alexeï] Mordachov [le patron de Severstal] et à Mittal, la direction d'Arcelor a mené une opération brillante qui a fait monter la valeur finale de la transaction et forcé l'Indien résistant à payer plus et à accepter quelques compromis importants", écrit le quotidien Nezavissimaïa Gazeta.Le quotidien Kommersant suggère pour sa part que "la soudaine amitié d'Arcelor à l'égard de Mittal pourrait s'expliquer par l'accord de celui-ci pour maintenir en place la direction actuelle" et par "une promesse éventuelle de Mittal de donner à Arcelor une part dans le groupe Evraz et donc l'accès au marché russe".
