Mort de Mourad Oussedik
Mort Mourad Oussedik, l'avocat du Front de libération nationale (FLN)Les obsèques de Mourad Oussedik ont été célébrées vendredi 24 juin à Paris. L'ancien avocat du Front de libération nationale (FLN) algérien est mort mardi 14 juin, dans un hôpital parisien, des suites d'une longue maladie. Il était âgé de 79 ans."D'une profonde générosité de coeur", Mourad Oussedik "fut pour nous un compagnon de combat et un ami", a indiqué le président Bouteflika dans un message adressé à la famille du défunt.Né à Bougaâ, dans la région de Sétif, à l'est de la capitale, et issu d'une famille de notables de Grande Kabylie, Mourad Oussedik, jeune avocat installé à Béjaïa (Petite Kabylie), avait été arrêté en 1949 par les autorités françaises pour insoumission.Six ans plus tard, le FLN le contacte pour former un collectif d'avocats chargé de défendre devant les tribunaux français les militants du mouvement. Mourad Oussedik accepte, comme le feront près d'une centaine de personnes dont Amokrane Ould Aoudia (assassiné dans son cabinet en 1959). Des avocats français - Roland Dumas, Gisèle Halimi - les rejoindront.Mourad Oussedik se fera un nom à l'automne 1960 lorsqu'il participe à la défense de "porteurs de valise" du "réseau Jeanson", ces Français qui, installés en métro-pole, avaient été inquiétés par la justice pour avoir pris fait et cause en faveur de l'indépendance de l'Algérie.Ce n'est pas sans risques que l'on défend au cours de ces années périlleuses les militants du FLN et ceux qui leur sont proches. Les lettres de menaces pleuvent au domicile de l'avocat. En décembre 1961, c'est la 17e chambre correctionnelle de la Seine qui le condamne - avec d'autres - à six mois de prison avec sursis pour "atteinte à la sûreté de l'Etat". L'année suivante, en février 1962, une charge de plastic explose en fin d'après-midi rue Guénégaud, à Paris, où se trouve son cabinet. Par miracle, aucune victime n'est à déplorer.Lorsque survient l'indépendance de l'Algérie, en 1962, Mourad Oussedik se retrouve député à l'Assemblée constituante de la jeune République algérienne mais c'est pour constater qu'il s'est fourvoyé. Dès 1964, l'avocat choisit de s'installer à Paris. L'évolution du régime n'est pas la sienne.Une nouvelle vie commence. Il est l'avocat des institutions algériennes en France et le conseiller juridique de l'ambassade de son pays en France. Mais il ne s'agit que d'un volet de son activité. Au fil des années, il devient l'un des ténors du barreau, se spécialisant dans des affaires qui concernent le Maghreb et, plus généralement, le monde arabe. Ainsi Mourad Oussedik va-t-il défendre les trois frères Bourequat, incarcérés par Hassan II dans le mouroir de Tazmamart ; Abdelmoumen Diouri, un autre opposant célèbre au défunt roi du Maroc ; le chanteur Khaled ou le terroriste Carlos dont il est l'avocat au côté de Jacques Vergès qu'il avait rencontré au temps des "porteurs de valise". Il sera aussi l'avocat de l'Eglise de la scientologie. Passionné par son métier, il défendait, encore, à la veille de son hospitalisation, un client au tribunal de Pau.