annonce Moscou a coupé hier les communications avec son ex-satellite et poursuit son retrait. Russie et Géorgie, frères ennemis à vie « Le message de la Géorgie à son voisin russe est le suivant : trop, c'est trop.» Ces paroles du président géorgien Mikhaïl Saakachvili ont accompagné hier l'annonce de la libération des officiers russes arrêtés mercredi dernier et accusés d'espionnage par Tbilissi. La crise qui oppose les deux pays depuis plusieurs années s'est envenimée. Evoquant l'arrestation des quatre officiers du renseignement militaire russe, le président Poutine n'a pas hésité à parler de «terrorisme d'Etat» et de «prise d'otages». Ulcérée par les piques répétées de son ancien satellite, la Russie l'asphyxie. Hier, toutes les communications aériennes, routières, maritimes et postales avec la Géorgie ont été coupées. Jeudi dernier, l'attribution de visas a été suspendue jusqu'à nouvel ordre. Et on voit déjà revenir à Tbilissi quelques immigrés dont le titre de séjour n'a pas été prolongé. Le président de la Douma a laissé entendre que le Parlement pourrait voter un projet de loi interdisant les transferts d'argent dans certains pays «en cas d'urgence». Or la manne financière provenant des émigrés géorgiens en Russie est essentielle au maintien d'une économie déjà affaiblie par les divers embargos sur le vin, l'eau et les produits agricoles décrétés par Moscou depuis le début de l'année. «La Russie est une grande puissance, et nous n'allons pas pardonner qu'on nous crache dessus [...]. La réponse aux actions provocatrices des autorités géorgienne sera adéquate», a averti hier le président du Sénat russe, Sergueï Mironov. Sur le même sujet Une semaine de graves tensions «Mythe». A Tbilissi, après quelques déclarations d'autosatisfaction pour avoir «détruit le mythe» de «l'omnipotence» russe, on se contente de marteler le même message : «Les problèmes entre la Géorgie et la Russie seront résolus quand la Russie nous considérera comme ce que nous sommes», c'est-à-dire un «partenaire indépendant». C'est ce que Moscou ne peut supporter alors que la Géorgie se rapproche toujours plus des Etats-Unis. Le 21 septembre, elle a entamé avec l'Otan un «dialogue intensifié», étape préalable à l'intégration dans l'Alliance atlantique. Hier soir, lors d'une conversation téléphonique, Vladimir Poutine a ainsi mis en garde George W. Bush contre «le danger pour la paix et la stabilité dans la région de toute action d'un pays tiers que les dirigeants géorgiens pourraient interpréter comme un encouragement à leur politique destructrice». Ire. De fait, Tbilissi a multiplié les coups d'audace ces derniers mois. L'arrestation des officiers rentrait dans le cadre d'une stratégie de nettoyage du renseignement russe sur le sol géorgien. «Les autorités ont peur que la Russie essaie de changer le régime en Géorgie en le déstabilisant de l'intérieur. Le gouvernement a décidé de ne pas perdre de temps et de fermer définitivement la porte à la "cinquième colonne" russe», analyse Guia Nodia, directeur de l'Institut caucasien pour la paix, la démocratie et le développement à Tbilissi. Début septembre, une série d'arrestations visant à déjouer un «coup d'Etat» a touché les partisans d'Igor Giorgadze, l'ex-chef de la sécurité géorgienne, réfugié depuis 1995 en Russie et adversaire déclaré du président Saakachvili. Tbilissi avait également réprimé en juillet, l'insurrection d'un chef rebelle, aux frontières de l'Abkhazie, une république séparatiste de Géorgie. Un gouvernement d'«Abkhazie supérieure» a été ensuite installé dans la région, provoquant l'ire de Moscou, qui soutient presque ouvertement les autorités d'Abkhazie, de même que celles d'Ossétie du Sud, une autre république qui échappe à l'autorité de Tbilissi. Tous les regards sont une fois de plus tournés vers ces républiques où Moscou dispose de troupes.