Mort de l'écrivain gay Guillaume Dustan

Mort Mort de l'écrivain gay Guillaume Dustan Enarque en rupture de ban, cette figure de l'underground parisien est mort la semaine dernière à l'âge de 40 ans. Sa prise de position en faveur des rapports sexuels non protégés avait provoqué la polémique. Créé le 10 octobre 2005 Mis à jour le 10 octobre 2005 à 15h39 " Pourquoi est-ce qu'on raconte des histoires, je ne sais pas moi. Je n'ai pas envie d'écrire des histoires. J'ai essayé et ça ne marchait pas. Et à un moment j'ai trouvé que j'avais une vie assez bizarre pour écrire dessus ". Jusqu'au bout, l'existence de Guillaume Dustan aura été bizarre. Mourir d'une "intoxication médicamenteuse involontaire ", comme l'affirme le communiqué, n'est pas banale. Son corps a été retrouvé jeudi par sa famille dans l'appartement parisien qu'il occupait depuis un mois. La date et les causes de sa mort ont été révélées par une autopsie. A 40 ans, Guillaume Dustan aurait pu travailler dans un cabinet ministériel ou dans une grande entreprise. En effet, après de brillantes études à Sciences-Po, il rejoint l'ENA. Trajectoire jusque là classique. Il débute ensuite une carrière de juge administratif. Mais en 1990, sa vie bascule. Il se découvre séropositif et décide de tout plaquer. Ce fils de psychanalyste se met à écrire. Il raconte sa vie dans trois romans autofictionnels qui paraissent chez POL en 1996, 1997 et 1998. Son premier livre, "Dans ma chambre", fait sensation. Il y parle pour la première fois de relations sexuelles non protégées entre homosexuels. Le " barebacking " fait son apparition médiatique dans le Paris des années 90. "Je me révèle". Qualifié par un critique "d'alter Angot", il note alors : avec Christine Angot, "on ne nous aime pas. Parfois si, mais bon, localement, c'est plutôt la haine et le souhait de mort qui prédominent. Bon pourquoi ? Parce qu'on parle de notre vie, je pense. Si j'écrivais de la fiction, je crois qu'il n'y aurait pas ce truc. Je me révèle". En 1999, il reçoit le prix de Flore pour "Nicolas Pages", paru chez Balland, maison d'édition où il crée une éphémère collection de littérature gay et lesbienne, "Le Rayon gay". "Bien sûr, je fais du militantisme homo avec ces livres, mais aussi du militantisme en faveur d'une forme de vie underground", disait-il à propos du "Rayon". Dans "Génie divin" (2001), journal intime foisonnant, il revient sur la polémique qui l'a opposé fin 2000 à une partie de la communauté homosexuelle après avoir écrit que "la capote ne pourra jamais être la règle en matière de sexualité". "Il faut l'empêcher de dire ce qu'il dit", lui a répondu l'association de lutte contre le sida Act-Up. Guillaume Dustan a écrit au total six livres, dont le dernier, "Dernier roman", a été publié en 2004 chez Flammarion.