Mort de Monica Charlot

Mort Monica Charlot, pionnière des études de civilisation britannique professeur émérite à l'université Sorbonne nouvelle (Paris-III), est morte, vendredi 20 mai, à l'âge de 71 ans. Cette spécialiste de civilisation britannique était la veuve de Jean Charlot (1932-1997), professeur à l'Institut d'études politiques de Paris où elle a elle-même enseigné pendant de nombreuses années , avec lequel elle entretenait une grande complicité intellectuelle. Jean et Monica Charlot avaient trois filles, toutes dans l'Université ou dans l'enseignement. Née en 1933 à Londres, Monica Charlot a, toute sa vie, cherché à jeter des passerelles entre son pays natal et la France, où elle s'est mariée en 1956. Elle a ainsi créé les études de civilisation britannique dans l'Hexagone. Après avoir fréquenté Bedford College, à l'Université de Londres, elle devra recommencer tout le cycle universitaire et obtenir l'agrégation d'anglais en 1959 afin de pouvoir exercer en France. Elle enseigne dans les lycées avant de rejoindre l'université de Nanterre (Paris-X), où elle vit les événements de 1968. Une version retravaillée de sa thèse de doctorat ès lettres (1971) est à l'origine d'un de ses ouvrages devenu un classique de la discipline : La Démocratie à l'anglaise (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1972), livre couronné par un prix de l'Académie française. Très active, chaleureuse, Monica Charlot s'est dépensée sans compter pour mieux faire connaître aux Français leurs voisins d'outre-Manche et rapprocher les deux nations. Parce qu'elle est entre deux cultures, elle devient une pionnière, en France, des études de civilisation, surmontant les murs qui séparent les domaines du savoir en sciences humaines (histoire, philosophie, sciences politiques, économie). Elle est ainsi la première à soutenir une thèse de civilisation à proprement parler. Elle fondera, plus tard, le Centre de recherches en civilisation britannique (Crecib) et sera présidente d'honneur de l'Association des civilisationnistes de France. Monica Charlot appartint également au Conseil franco-britannique. Passée de Nanterre à la Sorbonne nouvelle, au début des années 1970, elle en est détachée pour diriger, de 1984 à 1991, la Maison française d'Oxford. Un poste d'observation privilégié qui l'amène à commenter pour la presse française les progrès et les problèmes du thatchérisme. Monica Charlot, officier de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, laisse de très nombreux ouvrages, écrits ou dirigés, sur l'histoire, les institutions et la politique de la Grande-Bretagne. Sa biographie de la reine Victoria, parue chez Flammarion en 1990, a été également publiée en anglais chez Blackwell. L'un de ses livres de recherches qui lui tenait à coeur était un essai intitulé Vivre avec la mort (Alain Moreau, 1976).