Mort de Mohammed Al-Maghout
Mort Mohammed Al-Maghout, écrivain et dramaturge syrienL'écrivain et dramaturge syrien Mohammed Al-Maghout est mort à Damas, lundi 3 avril. Il était âgé de 72 ans. Selon le quotidien arabe Al Hayat, "il est mort dans un fauteuil, un mégot de cigarette à la main droite et, à la main gauche, un téléphone".Né en 1934 dans la ville d'Hama au nord de la Syrie, Mohammed Al-Maghout commence des études d'agronomie avant d'y renoncer, proclamant que sa spécialité est l'étude des "insectes humains, et non des insectes".Opposé au régime de Damas, il est emprisonné en 1955 en raison de son appartenance au Parti syrien national et social (PSNS, partisan de la Grande Syrie). Libéré, il s'installe à Beyrouth, refuge à l'époque de bon nombre d'intellectuels arabes dissidents. Grâce à son beau-frère, le poète Adonis, il fait partie des membres de la rédaction de la revue Chi'ir, qui regroupe tous les poètes désireux de faire bouger la poésie.Avec le Libanais Ounsi Al-Hage, Mohammed Al-Maghout est l'un des premiers à composer des poèmes en prose. Trois recueils très remarqués, Tristesse au clair de lune, Une chambre à mille murs, puis Le Bûcheron des cimes, paraissent en peu d'années."VOIX INDÉPENDANTE"Poète aussi connu à l'époque que Nizzar Kabbani et Adonis, il tourne court au bout de quelques années et n'écrit plus que pour le théâtre. Ses pièces, L'Oiseau bossu - qui évoque un homme écrasé par le pouvoir - et Le Clown, le font connaître du grand public. Joué dans de grands théâtres, il inclut dans un même moule poésie et dramaturgie.Fable, conte, dénonciation d'un Etat qui terrorise ses sujets... Mohammed Al-Maghout a touché, voire bouleversé ceux qui ont su voir l'aspect tragique des choses à travers un dialogue à première vue poétique. "Et je retournais vers le village désert/ me courbais sous les barbelés/ me dressais droit comme un rat sur les cendres de l'histoire/ avec l'encre qui luisait comme des couteaux entre mes dents", écrivait-il notamment dans le très beau Chambre à mille murs.A Washington, le porte-parole du département d'Etat, Adam Ereli, a rendu hommage dans un communiqué à Mohammed Al-Maghout, "un intellectuel refusant tout compromis ", "une voix indépendante en faveur de la liberté et la justice dans le monde arabe".Vénus Khoury-Ghata, romancière et poète