Rencontre MM. Zapatero et Jettou affichent leur bonne entente au sommet de SévilleConcluant leur sommet dans le somptueux palais maure de l'Alcazar, à Séville, jeudi, José Luis Rodriguez Zapatero et Driss Jettou ont affiché un accord parfait sur les grands principes. Et ils s'en sont tenus à une remarquable discrétion au sujet de la mort de cinq immigrants clandestins qui tentaient de gagner l'enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc.Les chefs de gouvernement espagnol et marocain ont déçu l'attente de précisions sur les circonstances controversées de la mort de ces Africains, jeudi à l'aube, lors d'une tentative d'infiltration massive de clandestins vers Ceuta. Selon les services de sécurité marocains, deux d'entre eux, morts côté marocain, ont été tués par des balles en caoutchouc "tirées du côté espagnol". Selon une source proche du gouvernement espagnol, l'autopsie de deux autres personnes mortes côté espagnol a fait apparaître qu'elles avaient été tuées par balles, munitions dont ne disposent pas les forces espagnoles affectées à la surveillance de la zone.VAGUE D'ASSAUTS "CIRCONSTANCIELLE"Le président du gouvernement espagnol a assuré au cours de la conférence de presse concluant le sommet qu'il était "prématuré d'établir une conclusion". M. Jettou a ajouté que "les résultats de l'enquête seront communiqués en temps opportun". Tous deux ont insisté sur "l'efficacité" de leur lutte commune contre l'immigration clandestine, avec, pour les huit premiers mois de 2005, une baisse de 40 % des tentatives de passage en Espagne par voie maritime, et une baisse de 40 % également des tentatives d'infiltration dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc. Le gouvernement espagnol veut croire que l'achèvement des travaux de surélévation des grillages-frontières mettra fin à l'actuelle vague d'assauts, "circonstancielle", selon M. Zapatero.Il a ordonné que la garde civile reçoive dès ce jeudi soir des renforts de 480 militaires répartis également entre Ceuta et Melilla. M. Jettou a précisé que son pays avait déployé 1 000 hommes supplémentaires affectés à la sécurité à Ceuta et 600 à Melilla "depuis la semaine dernière".Tout en se félicitant de leur coopération en matière judiciaire et de sécurité, via des patrouilles conjointes et des équipes de liaison pour enquêter sur les mafias du trafic d'humains, les deux chefs de l'exécutif ont conjointement appelé l'Union européenne à se joindre à leurs efforts. "Tous les pays de la région doivent prendre leurs responsabilités" en intervenant contre le sous-développement de l'Afrique noire, a dit M. Jettou."L'Union européenne doit remplir ses engagements" vis-à-vis de l'Afrique et de sa misère, a ajouté M. Zapatero, en assurant qu'il soulèverait la question au prochain Conseil européen.Les autres sujets épineux de la relation hispano-marocaine ont occupé une place discrète dans la déclaration finale. La revendication historique de Rabat sur ces deux enclaves, ultimes confettis de l'empire espagnol d'outre-mer, n'a pas été évoquée. Mais la proposition de Madrid de cofinancer au Maroc des "centres de réinsertion" pour les mineurs marocains entrés clandestinement en Espagne et non expulsables, un "thème hautement sensible", a reconnu M. Zapatero, "a fait l'objet d'une analyse".
