Annonce MM. Bush et Chirac unissent leur efforts sur le dossier libanais Jacques Chirac et George Bush ont dit leur "plaisir" de se retrouver, lundi soir 21 février, à Bruxelles pour un entretien et un dîner appelés à confirmer le réchauffement des relations franco-américaines constaté depuis la réélection du président américain à la Maison Blanche. Les deux présidents ne s'étaient pas vus en tête-à-tête depuis le sommet du G8 de Sea Island, en juin 2004. La Syrie et le Liban, l'Irak, l'Iran et l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine étaient les principaux sujets de discussions entre les deux hommes, mutuellement désireux de mettre de côté leur brouille sur l'Irak. Le président Chirac avait en effet été le plus farouche opposant à la guerre en Irak en 2003, avec le chancelier allemand, Gerhard Schröder, et le président russe, Vladimir Poutine. M. Chirac est néanmoins le dirigeant européen à qui le président Bush a prévu de consacrer le plus de temps - près d'une heure et demie - pendant son séjour à Bruxelles, marqué par un programme au pas de charge. "C'est mon premier dîner sur le sol européen depuis ma réélection et c'est avec Jacques Chirac. C'est dire l'importance que j'attache aux relations entre nous et entre nos deux pays", a déclaré le chef de l'exécutif américain réélu en novembre pour un mandat de quatre ans. Les deux dirigeants étaient accompagnés par le ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, et la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice Assis à ses côtés dans les salons de la résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis en Belgique, le président français a dit son "plaisir" de retrouver son homologue américain et souligné "les valeurs et la vision communes" qui unissent la France et les Etats-Unis "depuis plus de deux siècles". "Avoir de bonnes relations n'empêche pas d'avoir des divergences. Nous en avons eu récemment sur l'Irak. Nous l'assumons", a dit Jacques Chirac après avoir serré la main de son hôte. A la question d'une journaliste qui lui demandait si les relations entre Paris et Washington étaient suffisamment bonnes pour qu'il invite Jacques Chirac dans son ranch du Texas, le président américain a pour sa part répondu dans un sourire qu'il avait "besoin d'un bon cow-boy". LA PRESSION SUR LA SYRIE ACCENTUÉE De fait, leur réconciliation est passée par la même volonté d'œuvrer ensemble sur le dossier libanais. Dans le discours inaugural de sa tournée européenne, M. Bush avait dénoncé, lundi, les "souffrances" du Liban "sous l'influence d'un voisin oppresseur". Il avait réaffirmé que Damas devait "mettre un terme à son occupation du Liban" et cessé tout soutien au terrorisme. Au moment où les deux chefs de l'Etat dînaient ensemble, la Maison Blanche a rendu publique une déclaration commune des deux présidents appelant implicitement au retrait "immédiat" de la Syrie du Liban. "Nous demandons la mise en œuvre pleine et immédiate de la résolution 1550 du Conseil de sécurité dans tous ses aspects, y compris son appel à un Liban souverain, indépendant et démocratique ainsi qu'à la consolidation de la sécurité sous l'autorité du gouvernement libanais libre de domination étrangère", peut-on lire dans la version anglaise de ce texte. Cette résolution, parrainée en septembre par Paris et Washington, appelle au retrait des 14 000 soldats syriens du Liban, la fin de l'ingérence de Damas et le désarmement des milices comme le Hezbollah. Pour le porte-parole français, cette déclaration commune "marque une convergence de vues complète et la grande détermination de la France et des Etats-Unis". MM. Bush et Chirac "sont convenus de rester en contact permanent" sur cette question, a-t-il ajouté. Il a par ailleurs indiqué que M. Chirac avait demandé le soutien des Etats-Unis aux efforts diplomatiques des Européens pour s'assurer que l'Iran ne développe pas l'arme nucléaire. Le président français a aussi cherché à rassurer M. Bush sur la levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes à la Chine, alors que Washington craint que cette mesure déstabilise la région. M. Bush et M. Chirac doivent participer mardi à une réunion extraordinaire de l'OTAN et à un sommet réunissant le président américain et les dirigeants des 25 pays de l'Union européenne.