Arrestation Mise en examen de Denis Robert dans l'affaire ClearstreamLe journaliste et écrivain Denis Robert, qui a eu en sa possession des listings comptables de Clearstream, a été mis en examen dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 décembre pour "recel de vol et d'abus de confiance" par les juges qui enquêtent sur cette affaire politico-industrielle, a indiqué son avocat.Denis Robert, qui a été entendu pendant près de dix heures, de 14 h 30 à 0 h 10, a été placé sous contrôle judiciaire avec l'interdiction de voir les trois autres personnes déjà poursuivies dans ce dossier : Jean-Louis Gergorin, Imad Lahoud et Florian Bourges. "L'APPAREIL JUDICIAIRE FAIT PREUVE D'UNE PROFONDE INJUSTICE""Aujourd'hui, la démocratie vient de prendre un sérieux coup. La liberté de la presse, d'écrire et d'informer est bafouée par le pouvoir de l'argent et les intrigues politico-financières. Les super-menteurs du monde politique, de la finance et de l'armement sont écartés de toute poursuite. L'appareil judiciaire fait preuve d'une profonde injustice", a déclaré à sa sortie Denis Robert. M. Robert a écrit plusieurs ouvrages sur l'institution financière luxembourgeoise, dans lesquels il l'accuse de blanchir de l'argent.C'est dans ce cadre que Florian Bourges, qui a mené un audit en 2001 chez Clearstream pour le compte d'Arthur Andersen, a pris contact avec lui. L'ex-auditeur, qui a noté de "nombreuses anomalies", confie ainsi au journaliste en 2002 des listings de comptes de Clearstream pour "l'aider" dans son enquête. M. Bourges, aujourd'hui âgé de 28 ans, a été mis en examen vendredi pour "vol et abus de confiance" par les magistrats Jean-Marie d'Huy et Henri Pons. Conséquence logique de ces poursuites : M. Robert est aujourd'hui poursuivi pour "recel de vol et d'abus de confiance" puisqu'il a eu en mains ces documents bancaires. DOMINIQUE DE VILLEPIN PORTE PLAINTE POUR DIFFAMATIONDans un livre publié en juin, Denis Robert, 48 ans, racontait comment il avait obtenu des documents via Florian Bourges, et comment ils avaient été utilisés plus tard à son insu pour truquer les listings comptables, au cœur de cette enquête de "dénonciation calomnieuse". Des noms de personnalités industrielles et politiques y ont été ajoutés, parmi lesquels celui de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui partie civile. Ces listes ont ensuite été envoyées en 2004 au juge Renaud Van Ruymbeke par un corbeau qui s'est avéré être Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président du géant aéronautique EADS, aujourd'hui mis en examen. M. Van Ruymbeke établira la supercherie.Interrogé sur la connaissance qu'il a eu de cette falsification et sur ses relations avec Imad Lahoud, informaticien franco-libanais et ancien collaborateur de M. Gergorin, Denis Robert a répondu aux juges que s'il "avait continué d'entretenir des relations avec Gergorin et Lahoud, c'était pour tenter de comprendre les raisons de la falsification" qu'il a été "le premier à établir". M. Lahoud, soupçonné d'être le falsificateur, ce qu'il nie, est également poursuivi pour "dénonciation calomnieuse, faux et usage de faux".Les deux magistrats du pôle financier de Paris Jean-Marie d'Huy et Henri Pons ont suivi les réquisitions du parquet, dont un représentant était présent lors de l'audition fleuve. Denis Robert, qui se dit "victime d'une minable guerre politicienne entre sarkozystes et chiraquiens", est par ailleurs visé par une plainte en diffamation du premier ministre, Dominique de Villepin, qui, selon le journaliste, a participé à un "montage" contre son rival politique Nicolas Sarkozy. M. de Villepin, qui a toujours rejeté ces soupçons, sera entendu comme simple témoin le 21 décembre.
