Inauguration Mise à feu pour le synchrotron SoleilJacques Chirac a inauguré, lundi 18 décembre, le synchrotron national de troisième génération Soleil. Ce grand instrument – une source de rayons X de très haute énergie permettant de sonder la structure de la matière avec une précision inégalée – aura surmonté bien des vicissitudes, avant cette mise à feu présidentielle. Entre le démarrage des études de la machine et sa mise en service, près de vingt ans se seront écoulés. Incapacité des gouvernements successifs à trancher sur un projet pourtant jugé prioritaire par la communauté scientifique. Rivalités stériles – intense lobbying politique à l'appui – entre régions désireuses de l'accueillir… Le projet a même failli sombrer corps et biens en 1999, Claude Allègre, alors ministre de la recherche, lui préférant une participation au synchrotron britannique Diamond.Il a fallu attendre le printemps 2003 pour que démarre enfin, sur le plateau de Saclay (Essonne), la construction du grand anneau – 354 mètres de circonférence – dans lequel des électrons, accélérés à une vitesse proche de celle de la lumière, émettent un rayonnement très intense canalisé vers des "lignes de lumière", c'est-à-dire des stations d'analyse d'échantillons."RÉALISATION EXEMPLAIRE"Cinq premières lignes devraient être opérationnelles au printemps 2007, avec quelques mois de retard imputables à des malfaçons dans le réseau d'eau. Six autres lignes seront ouvertes avant l'été, le plan de charge prévoyant 24 faisceaux à l'horizon 2009. Ce sont alors 2 000 à 2 500 chercheurs et techniciens, dont un tiers d'étrangers, qui, chaque année, justifieront un investissement de 454 millions d'euros, dont 316 millions pour la construction et 138 autres pour les trois premières années d'exploitation.Des physiciens (pour l'étude de l'organisation et des propriétés de la matière à l'échelle de l'atome) aux biologistes (pour la détermination de la structure tridimensionnelle des protéines, dont découleront les médicaments de demain), en passant par les chimistes, les environnementalistes ou les spécialistes des sciences de la Terre, il n'est guère de discipline qui n'attende avec impatience les premiers rayons de Soleil.D'ores et déjà, les demandes d'expérimentation sont deux fois supérieures au temps de faisceau disponible.Ce n'est donc pas un hasard si, en Europe, après l'Allemagne, l'Italie, la Suisse, la France et la Grande-Bretagne, l'Espagne est, elle aussi, en passe de se doter d'une machine de troisième génération. Et si, à l'échelle de la planète, il existe quelque 25 sources de rayonnement synchrotron.Saluant "une réalisation exemplaire" qui constitue "un avantage décisif pour la recherche française", M. Chirac a profité de l'inauguration de Soleil pour affirmer qu'au cours de son mandat il avait "voulu donner la priorité à la recherche et à l'innovation". Il a également souligné que "des moyens sans précédent ont été engagés : 6 000 emplois et 6 milliards d'euros supplémentaires depuis 2004"."L'Union européenne s'est fixé comme objectif ambitieux de consacrer 3 % de son PIB à la recherche, a-t-il rappelé. Si notre recherche publique a bien dépassé le seuil des 1 %, la recherche privée ne représente pas encore les 2% nécessaires à la réalisation de l'objectif."
