Mort de Milton Obote

Mort Milton Obote, ancien dictateur ougandais L'ancien président ougandais Milton Obote est mort, lundi 10 octobre, dans un hôpital de Johannesburg (Afrique du Sud). Il était âgé de 80 ans. Ce symbole de l'Ouganda indépendant aux méthodes dictatoriales avait été renversé à deux reprises. Son décès intervient deux années après celui de son principal ennemi, Idi Amin Dada, mort lui aussi en exil, en août 2003, en Arabie saoudite. Né le 28 décembre 1924, fils d'un petit chef de l'ethnie Lango, du nord du pays, Milton Obote commence par faire des études d'instituteur dans son pays, sous protectorat britannique, avant d'émigrer au Kenya, où il va faire son apprentissage politique. En 1960, il fonde le Congrès du peuple ougandais (UPC), puis devient, en 1962, le premier chef de gouvernement de l'Ouganda indépendant. Il abandonne la présidence - strictement honorifique - au roi de la puissante tribu buganda. Quatre ans plus tard, il se débarrasse du roi, s'autoproclame président et abolit la monarchie. Avide d'honneurs, sans scrupule, Milton Obote dirige l'Ouganda d'une main de fer. Il s'en prend aux intellectuels, procède à des arrestations arbitraires et met en place un système policier. Sa politique, d'inspiration socialiste, lui vaut l'inimitié des pays occidentaux. En 1971, son chef d'état-major, le général Idi Amin Dada, profite de son absence et prend le pouvoir, sans effusion de sang, avec le soutien de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Les espoirs de la population ougandaise et des anciennes puissances coloniales seront vite déçus. Amin Dada n'attend en effet pas longtemps pour chausser les bottes de son prédécesseur. Le nouveau dictateur va instaurer un régime de terreur encore pire. Le président déchu part en exil doré en Tanzanie, chez Julius Nyerere, qui apprécie ses idées socialistes. Pendant neuf ans, il va attendre son heure, tout en se livrant au négoce. En avril 1979, à la chute d'Amin Dada, précipitée par l'intervention des troupes tanzaniennes, Milton Obote laisse prudemment les nouveaux dirigeants s'entre-déchirer. La commission militaire qui prend le pouvoir en mai 1980 lui prépare le terrain. En décembre 1979, son parti, l'UPC, emporte des élections générales largement truquées. Milton Obote revient au pouvoir à la faveur de cette victoire. Il reprend son titre et ses prérogatives de chef de l'Etat. Son second mandat est marqué par une guerre civile qui oppose les troupes gouvernementales à la guérilla de l'Armée nationale de résistance (NRA) de l'actuel président, Yoweri Museveni, et pourrait avoir fait jusqu'à 300 000 morts. Milton Obote se maintient au pouvoir par la ruse, en jouant un clan contre un autre. Pendant quatre ans et demi, il va prolonger le régime de meurtres et de terreur d'Idi Amin Dada. un autre chef d'état-major, le général Okello. Milton Obote reprend le chemin de l'exil. Il se rend cette fois-ci en Zambie, où son compagnon des années de lutte pour l'indépendance, Kenneth Kaunda, lui accorde l'asile. C'est là qu'il va vivre ses vingt dernières années, en dépit d'appels de ses partisans qui l'incitent à revenir participer à la vie politique de l'Ouganda. Mais Yoweri Museveni, le nouveau président, pose une condition à ce retour : que Milton Obote s'explique tout d'abord sur les 300 000 morts enregistrés pendant son "règne". Le président déchu ne reviendra jamais en Ouganda et restera dans les mémoires comme un Machiavel au petit pied sur lequel la Grande-Bretagne, l'ancien colonisateur, avait cru bon de miser.