Mort de Mickey Spillane L'écrivain

Mort Mickey Spillane L'écrivain américain de romans noirs Mickey Spillane est mort lundi 17 juillet à l'âge de 88 ans à son domicile en Caroline du Sud. Son personnage, le détective affreux, brutal et méchant, Mike Hammer, est une sorte d'anti Philip Marlow. Traduites dans de nombreuses langues, ses aventures se sont vendues à des millions d'exemplaires, et avaient quelque peu éclipsé son créateur. Résolument réactionnaire et anticommuniste viscéral, amateur d'armes - dont il menaçait parfois les curieux - il détestait les Français, "qui détestent les Américains". Il était devenu témoin de Jehovah au début des années 1950, s'arrêtant d'écrire en plein succès pour aller prêcher la bonne parole de la secte. Né le 9 mars 1918 à Brooklyn, Mickey Spillane abandonne vite ses études de droit et commence, avant guerre, à écrire des histoires pour les magazines populaires et des scénarios pour des "comics". Mobilisé dans l'aviation après Pearl Harbor, il devient artiste de cirque après la guerre - il fit l'homme-obus pour Barnum -, collabore un moment avec le FBI, a quelques ennuis avec la pègre avant de publier son premier Mike Hammer en 1947, I, the jury (J'aurai ta peau). " Hammer signifie "marteau" et je crois que tout homme, au fond, désirerait être un marteau pour frapper la tête de son voisin", philosophait-il. Il disait aussi : " Lorsque j'ai démarré avec Mike Hammer, chacun était franchement sorti de la guerre. Je savais ce que les gens voulaient. Ils ne voulaient pas d'un héros-lavette. Les gars qui étaient partis avaient vu la violence, la vraie violence..." Mickey Spillane avait d'emblée trouvé la recette du succès : ordre, sang et sexe. Il affirmait sans sourciller : " Quand j'ai besoin d'argent, je sors ma machine à écrire. S'il n'y avait que Shakespeare qui se vendait j'écrirais du Shakespeare. Mais il ne se vend pas, alors j'écris autre chose !" " Médiocre", "chiqué", "illisible", jugeait Raymond Chandler dans sa correspondance. Mais il n'empêche, son influence dans l'univers du " hard boiled" (roman noir américain) reste considérable, par exemple chez un auteur comme James Ellroy. En 1954, Saturday Review met sur le même plan " hammerisme et maccarthysme" et détaille la méthode de l'écrivain : " Action sordide, personnages sordides, intrigue sordide, fin sordide." En 1953, Spillane cède les droits du roman qu'il avait publié l'année précédente, Kiss me deadly (En quatrième vitesse). Le film de Robert Aldrich sort en 1955 ; Spillane n'aime pas le film, pourtant considéré comme le chef-d'oeuvre du cinéaste. Un peu plus tard, au milieu des années 1960, c'est l'acteur Stacy Keach qui interprétera à la télévision le rôle du détective. A la fin de sa carrière, il crée un nouveau personnage d'espion, Tigerman, part en campagne contre la violence à la télévision et s'ancre un peu plus dans le courant ultraconservateur.