Mort de Michèle Auclair
Mort Michèle Auclair, violoniste et pédagogueMichèle Auclair, violoniste qui fut, en 1943, avec le pianiste Samson François, la première lauréate du concours Marguerite Long-Jacques Thibaud, est morte, mercredi 8 juin, à Paris. Elle était âgée de 80 ans.Née à Paris le 16 novembre 1924, fille d'un marchand d'art dont le père et le grand-père étaient peintres et musiciens amateurs, elle demanda à étudier le violon à 4 ans après avoir entendu la Sonate à Kreutzer de Beethoven. Son premier professeur, Line Talluel, est également celui de la grande virtuose Ginette Neveu.Au Conservatoire de Paris, Michèle Auclair a étudié avec Jules Boucherit, puis avec Boris Kamenski et avec Jacques Thibaud. Lauréate du Prix Marguerite Long-Jacques Thibaud, puis, en 1945, d'un prix au Concours international de Genève, elle commence une carrière internationale dans toute l'Europe ainsi qu'en Amérique du Sud. Elle se produit avec la Société des concerts du Conservatoire, la Philharmonie de Berlin, et l'Orchestre philharmonique de Moscou sous la direction de Kirill Kondrachine.Son jeu ardent et sa personnalité originale synthétisent l'esprit de l'école de violon franco-belge et la technique de l'école russe. "Française, par mes origines et mon premier professeur, Line Talluel, avait-elle coutume de dire, mais également russe, grâce à Boris Kamenski - un élève de Leopold Auer, ex-premier violon du tsar, qui, au moment de la Révolution, hésitant entre sa femme et son Stradivarius, choisit de partir avec le violon !" Marquée par un grave accident à la fin des années 1960, Michèle Auclair avait mis un terme à sa carrière pour se consacrer à l'enseignement. En 1969, elle est nommée professeur de violon au Conservatoire national supérieur de musique (CNSM) de Paris. Elle y enseignera jusqu'en 1990, avant d'en devenir professeur honoraire et de poursuivre sa mission pédagogique au Conservatoire New England de Boston et au Japon. Pédagogue unanimement appréciée, cette "femme formidable" - dixit Laurent Korcia, qui la rencontra en 1977 dans sa maison de vacances de Ménerbes, avant de devenir son élève au CNSM de Paris - fournira quarante-cinq lauréats aux concours internationaux.En 1948 et 1951, Michèle Auclair a enregistré, avec Charles Munch à la tête du Concertgebouw d'Amsterdam, les concertos de Brahms et de Tchaïkovski. Elle a aussi gravé, chez Erato, l'intégrale des oeuvres pour violon et piano de Schubert, accompagnée par la pianiste Geneviève Joy-Dutilleux avec laquelle elle se produisit en duo à partir de 1962."HONNÊTETÉ MUSICALE"Mariée au compositeur Antoine Duhamel, elle avait ensuite épousé le critique musical Armand Panigel. Musicienne ardente et femme de tête, Michèle Auclair a durablement marqué Philippe Aïche, violon solo de l'Orchestre de Paris, qui fut son élève : "Pour moi, elle était un exemple de rigueur dans le travail et d'honnêteté musicale. Nous avons toujours gardé le contact et je n'ai jamais hésité à lui demander conseil et à jouer devant elle. Je me souviens de son enregistrement du Concerto de Mendelssohn, malheureusement indisponible aujourd'hui, aussi remarquable par la pureté du son, la précision de la justesse et la perfection technique que par sa musicalité. Sa disparition marque la fin d'une école de violon, d'une façon d'enseigner qu'on ne pratique quasiment plus." Marie-Aude Roux