Mort de Michel Houssin
Mort Michel Houssin, homme clé des Publications de la Vie catholiqueAncien président du conseil de surveillance des Publications de la Vie catholique (PVC) et ancien président de l'Association Hubert Beuve-Méry, Michel Houssin est mort, dimanche 11 décembre, à l'âge de 84 ans.On le surnommait, à juste titre, le "Sphinx", car il était économe de ses mots, prudent jusqu'à l'énigme, et cultivait une discrétion aussi raffinée que son humour. En le voyant évoluer avec aisance dans le milieu de la presse catholique, on oubliait vite sa première vie professionnelle aux lendemains de la Libération. Après des études de droit public et d'économie politique et le diplôme d'HEC, il avait pris le large pour s'installer à Beyrouth et devenir le sous-directeur des exploitations en Syrie et au Liban de la Compagnie générale du Levant. Son expatriation devait continuer jusqu'à 1962, dirigeant encore la compagnie du port de Beyrouth et devenant administrateur de la Compagnie libanaise de télévision."N'OUBLIEZ PAS DE DOUTER"C'était une première approche du monde des médias. Grâce à des amis communs, il rencontra à Beyrouth Georges Hourdin (1899-1999), fondateur et directeur des publications de la Vie catholique. L'accord se fit aussitôt entre le journaliste frémissant et le jeune administrateur pudique. De retour à Paris, Michel Houssin devint le directeur délégué d'un groupe de presse en expansion. Il ne devait plus le quitter et finir par se confondre avec lui au fil des décennies, portant de manière innée ses vertus : la modestie, le goût de l'indépendance et l'absence de superbe.Il fut d'abord le bras droit parfait, le directeur délégué veillant à tout, poussant les dossiers. Un gestionnaire avisé. Il fut ensuite le stratège patient, rusé, qui permit au groupe dont il défendait les intérêts de croître, de se moderniser et d'engranger des bénéfices. Le groupe PVC régnait non seulement sur l'hebdomadaire La Vie catholique, mais aussi sur Télérama, les éditions Desclée de Brouwer, les éditions du Temps Présent et Presse-informatique, etc.Comme Georges Hourdin, il lui arrivait de souffler ce conseil aux jeunes impétrants : "N'oubliez pas de douter tous les matins !" Cultivé, ne se lassant jamais de lire et de relire les Pères de l'Eglise, les classiques de la littérature et de découvrir un nouvel essayiste, il était resté particulièrement attaché aux valeurs du scoutisme et proche des dominicains qui l'avaient formé dans sa jeunesse à l'école Lacordaire de Bellevue.Cette proximité était un point qu'il avait en commun avec le directeur-fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry (1902-1989) dont il devint l'ami dans les années 1970. Il partageait avec lui une lucidité ravageuse et un scepticisme à tout crin. Une fois par semaine, d'abord au Petit Riche, puis dans la salle à manger privée de La Vie catholique, boulevard Malesherbes, à Paris, ils se retrouvaient en compagnie du Père Bernard Bro, de Georges Hourdin, d'André Mandouze et quelques autres pour deviser sur les affaires du Monde et des Publications de la Vie catholique.Il arrivait à Michel Houssin d'être plus loquace sur Le Monde. Ses amis, lors des réunions de rédaction de Télérama, se souviennent qu'il leur parlait davantage du quotidien que de l'hebdomadaire. C'était déjà le signe qu'il mettrait plus tard, au début des années 2000, son influence d'actionnaire au service du rapprochement de son groupe avec celui du Monde.Laurent Greilsamer(Avec Michel Houssin disparaît un grand patron de presse humaniste et, à ce titre, exemplaire. Poussant le goût de la discrétion jusqu'à l'effacement, il n'en a pas moins, avec beaucoup de sûreté, en restant fidèle à ses principes, construit un groupe de qualité, sans jamais cesser d'accompagner Le Monde de ses conseils ainsi que de sa vigilance bienveillante. Que sa famille trouve ici l'expression de notre profonde tristesse. ) J.-M. C.