Mort de Michel Bignier
Mort Michel Bignier, ancien directeur général du Centre national d'études spatialesMichel Bignier, ancien directeur général du Centre national d'études spatiales (CNES), est mort, jeudi 12 octobre, à l'âge de 80 ans. Il était l'un des pionniers qui ont permis à la France de devenir, le 26 novembre 1965, la troisième puissance spatiale, derrière l'Union soviétique et les Etats-Unis.Né le 8 février 1926 à Paris, Michel Bignier est ancien élève de l'Ecole polytechnique (1947). Une formation qu'il complète alors à l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique (1952) et à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (1953). Fort de ce bagage, il se tourne vers les missiles et les fusées, secteur neuf dans lequel la France vient de s'engager.Il travaille alors pour le Centre d'essais en vol, d'abord dans le domaine des télécommunications (1953), puis dans celui des engins (avril 1957), avant de rejoindre, six mois plus tard, le Centre interarmées d'essais d'engins spéciaux d'Hammaguir, situé non loin de Colomb-Béchar, dans le Sud algérien. "Un désert au sol très dur semé de cailloux gris et rouge, d'herbes sèches et de quelques rares plantes grasses", témoigne-t-il, où "le confort était sommaire, presque monacal", mais l'aventure "extraordinaire"."On était les rois. Nos patrons étaient à 2 000 kilomètres. Notre mission était simple : développer et mettre au point les missiles et les fusées qu'on nous avait confiés." Des engins, comme la fusée Véronique, "capricieux". Mais qu'importe. "Quand on essuyait un échec, raconte le jeune ingénieur, ce n'était pas un drame. "Bignier, m'avait-on dit, un essai qui marche n'apprend rien. Mais quand même, n'en rate pas trop.""Sous la houlette du général Robert Aubinière, Michel Bignier et ses compagnons aident la France à faire ses gammes spatiales. Un objectif d'autant plus important qu'en 1958 le gouvernement décide de doter la France d'une force de dissuasion pour laquelle il faut des lanceurs fiables. L'ingénieur en chef de l'armement rejoint alors l'Etat-major général de la défense nationale (1960), mais bascule ensuite vers des activités plus civiles.En 1961, il devient secrétaire général du Comité des recherches spatiales, puis, un an plus tard, entre au tout jeune Centre national d'études spatiales. D'abord comme directeur des affaires internationales (1962-1966), puis comme directeur des relations extérieures (1966-1971) et inspecteur général (à partir de 1969). Enfin, comme directeur général, en 1972. En juin 1976, il démissionne de ce poste suite à un sérieux conflit avec les syndicats.Entre-temps, la France est devenue une puissance nucléaire et spatiale à part entière avec la mise en orbite, en 1965, du satellite Astérix par une fusée Diamant, première d'une famille dont la lointaine descendante, Ariane, héritée d'un lanceur baptisé L-III S imaginé entre 1972 et 1973, est développée par son successeur, Yves Sillard, et le nouveau président du CNES, Hubert Curien.Michel Bignier ne quitte pas pour autant le spatial. En octobre 1976, il rejoint l'Agence spatiale européenne (ESA) pour diriger le programme du laboratoire orbital européen Spacelab, fonction qu'il quitte pour s'occuper des systèmes de transports spatiaux. A ce poste, il assiste notamment, jusqu'en 1986, à la réussite de la fusée Ariane. Puis il prend sa retraite tout en gardant un oeil sur toutes ces activités avec la présidence de l'Académie nationale de l'air et de l'espace et celle de l'Association aéronautique et astronautique de France.