Mort de Mgr Paul Marcinkus

Mort Mgr Paul Marcinkus, l'homme du scandale de la "banque du Vatican" Archevêque américain à l'origine d'un des plus grands scandales financiers ayant jamais impliqué le Vatican, Paul Marcinkus est mort à l'âge de 84 ans, lundi 20 février, à Phoenix (Arizona), où il s'était retiré en 1990. Son nom restera associé à un sombre épisode qui marqua le long pontificat de Jean Paul II (1978-2005). Mgr Marcinkus fut l'un de ses gardes du corps pendant ses premiers voyages, avant de devenir le sulfureux "banquier du Vatican", dont les malversations ont éclaboussé l'image de l'Eglise. La vie de Paul Marcinkus est celle d'un prélat de légende, devenu par hasard "gorille" du pape et "banquier". Il naît le 15 janvier 1922 dans une famille d'émigrés lituaniens, à Cicero, pas loin de Chicago. Ordonné prêtre en 1947, il est nommé dans une paroisse de l'Illinois, mais il s'y ennuie très vite. Il décide d'aller poursuivre sa formation à Rome, à l'Université grégorienne, puis à l'Académie diplomatique pontificale. Jeune diplomate de la secrétairerie d'Etat, il se lie d'amitié avec Mgr Giovanni Battista Montini, futur Paul VI (1963-1978). Doté d'une carrure physique impressionnante, Paul Marcinkus s'impose comme l'organisateur des voyages à l'étranger de Paul VI et l'homme de sa protection rapprochée. Il devient célèbre quand, à Manille, en 1970, il dévie le couteau d'un détraqué philippin qui voulait tuer le pape. Jean Paul II, élu en octobre 1978, le garde auprès de lui lors de son premier voyage à risques en Pologne. Paul Marcinkus gravit les échelons de la hiérarchie vaticane. Il est consacré archevêque en 1981. Il sera moins heureux dans ses activités mondaines et financières. Grand fumeur de cigares, bon joueur de golf, de tennis et de base-ball, Mgr Marcinkus cultive à Rome son personnage d'évêque non conformiste. Il se sait influent auprès du pape. Dépourvu de la moindre compétence financière, il se voit néanmoins confier la gestion des portefeuilles d'actions du Vatican à l'Institut des oeuvres pour la religion (l'IOR, encore appelé "la banque du Vatican"). Il se lie - par naïveté ou par calcul ? - à des personnages douteux, comme Michele Sindona. Ce Sicilien est prisonnier des chantages de la Mafia. Mgr Marcinkus, qui l'ignore, lui prête des fonds pour ses activités spéculatives. Sindona "chutera" avant de mourir en prison - assassinat ou suicide ? - en 1986. Mais le nom de Mgr Marcinkus est surtout associé à la faillite du Banco Ambrosiano, cette banque catholique de Milan devenue le principal établissement privé d'Italie et dans laquelle l'Institut des oeuvres pour la religion (IOR) avait des participations. Le directeur du Banco Ambrosiano, Roberto Calvi - les enquêtes montreront qu'il avait aussi des liens avec la loge maçonnique P 2 -, se prévaut de ses attaches au Vatican pour créer, dans quelques paradis fiscaux, des sociétés de façade permettant toutes les manipulations financières. Après une enquête de la Banque d'Italie, Roberto Calvi est condamné à quatre ans de prison. Il s'enfuit en 1982 à Londres, où l'on retrouve, le 18 juin, son corps pendu sous un pont. Le "trou" du Banco Ambrosiano est de 1,4 milliard de dollars. Le Vatican devra participer pour 250 millions au renflouement des créanciers touchés par la faillite. Le scandale s'aggravera du refus du Vatican d'extrader le président de l'IOR pour faciliter l'enquête diligentée par les magistrats italiens. Mgr Marcinkus fera l'objet d'un mandat d'arrêt, mais la Cour de cassation donnera raison en 1987 au Vatican, protégé, depuis les accords du Latran (1929), de toute "ingérence" des autorités de l'Italie dans les "organismes centraux" de l'Eglise. Devenu encombrant, Mgr Marcinkus se verra toutefois obligé de quitter, en 1989, la présidence de l'IOR. Il rentrera aux Etats-Unis pour se faire oublier. Depuis, la situation de la "banque du Vatican", confiée à des professionnels compétents, a été assainie.