Mort de Mgr Max Cloupet
Mort Mgr Max Cloupet, artisan de la paix scolaireMgr Max Cloupet est décédé jeudi 26 mai à Bordeaux, à l'âge de 75 ans, des suites d'une maladie cardiaque. Né le 30 juillet 1930, ordonné prêtre pour le diocèse de Bordeaux en 1955, il avait été directeur régional de l'enseignement catholique, avant d'être promu par les évêques de France, en 1986, secrétaire général de l'enseignement catholique.Le nom de Max Cloupet reste associé à l'apaisement de la guerre scolaire que l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait rallumée, au point de faire descendre un million de Français dans la rue en juin 1984. Cette manifestation avait conduit François Mitterrand à retirer le projet Mauroy-Savary d'un service unique de l'éducation nationale.A la fin des années 1980, la grogne reprend dans l'enseignement privé. Les rassemblements se multiplient, comme les déclarations d'évêques, d'enseignants et de députés. Des voix radicales s'élèvent, dont celle de la puissante Union nationale des associations de parents d'élèves de l'enseignement libre (Unapel).Arrivé, début 1992, au ministère de l'éducation, Jack Lang veut créer un choc psychologique et dénouer une situation historiquement conflictuelle entre l'Etat et l'enseignement privé. Il réussit son pari grâce au soutien et au flair politique de son interlocuteur, le Père Max Cloupet, un homme petit et rond, à la bonhomie nonchalante qui, dans son camp, s'emploie à résister aux extrêmes.Les deux hommes s'apprécient. Leurs négociations débouchent, le 13 juin 1992, sur le fameux "accord Lang-Cloupet". Affaibli, le camp laïque laisse passer un texte qui règle des dossiers techniques, mais est, en fait, très politique.L'accord Lang-Cloupet apure le contentieux relatif au "forfait d'externat" qui fixe la participation de l'Etat aux dépenses de fonctionnement des établissements privés. L'Etat s'engage à rembourser 1,8 milliard de francs, à assurer les décharges d'heures pour les directeurs d'écoles privées, à payer une part de retraite des enseignants.Le prêtre bordelais retiendra de ce texte une phrase qui pèse lourd huit ans après les manifestations de 1984. C'est "le droit et la reconnaissance de la contribution de l'enseignement privé au système éducatif".Dans le droit-fil de la loi Debré de 1959 (qui, dans les années 1960, associait le privé à la scolarisation de masse), cette phrase reconnaît la mission de service public de l'enseignement privé. Quel succès ! En mai 1993, Max Cloupet fait aussi adopter une charte, toujours actuelle, dans laquelle l'enseignement catholique réaffirme son "caractère propre".Son mandat cesse en 1994. Le Père Cloupet préside le comité d'historiens et d'élus nommé par Mgr Gérard Defois pour préparer la visite du pape en septembre 1996 à Reims, destinée à célébrer le 1500e anniversaire du baptême de Clovis. Il contribue à déminer, là encore, une autre querelle qui oppose l'Eglise et le camp laïque.Au début de 1999, il est envoyé à Rome comme recteur de Saint-Louis des Français et administrateur des Pieux établissements, fonction qu'il venait de quitter en mai pour rentrer à Bordeaux où Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque et président des évêques de France, l'avait nommé archiprêtre de la cathédrale Saint-André.