Mort de Mgr Luigi Giussani
Mort Mgr Luigi Giussani, fondateur de Communion et libération Mgr Luigi Giussani, 82 ans, est mort, mardi 22 février, à Milan, des suites d'une pneumonie.Personnage phare de l'Eglise italienne, proche de Jean Paul II, "Don Giussani" était le père spirituel de nombre de croyants transalpins. Il a formé des militants comme Giulio Andreotti, ancien président du conseil démocrate-chrétien, Roberto Formigoni, actuel président de la région de Lombardie, ou le philosophe Rocco Buttiglione, ministre des affaires européennes du gouvernement Berlusconi. Luigi Giussani est né en 1922 à Desio, près de Milan, d'une mère pieuse et d'un père socialiste anarchiste qui l'initie à la musique, dont Luigi restera un amateur averti, faisant de Beethoven et Donizetti, disait-il, les expressions les plus vivantes du sens religieux de l'homme. Il entre très jeune au séminaire de Milan. Ordonné prêtre, il enseigne à la faculté de Venegono, se spécialise dans les théologies orientale et protestante nord-américaine.Dans les années 1950, Luigi Giussani quitte le grand séminaire de Milan et part à la rencontre des jeunes attirés par le marxisme et l'existentialisme. De 1954 à 1964, il enseigne au lycée classique Berchet de Milan, "retournant" l'argument de Sartre qu'il connaît bien (dans L'Etre et Le Néant) au profit de la foi, proposée comme remède à l'angoisse adolescente. Il fonde le groupe Jeunesse étudiante (Gioventu studentesca), qui deviendra, à la fin des années 1960 de luttes étudiantes à Milan, Comunione e liberazione (CL), mouvement qui entend proclamer le christianisme comme "seul véritable instrument de la libération de l'homme contre l'idolâtrie du modernisme".Mouvement d'éducation, Communion et libération s'étend en Lombardie, en Romagne et en Vénétie, régions très industrialisées, se pose en alternative militante au sein de l'Eglise après son échec au référendum sur le divorce de 1974, puis après l'effondrement de la Démocratie chrétienne.Don Luigi Giussani publie des écrits spirituels (en France, au Cerf et chez Fayard). Il propose une vision "intégraliste" de la société, où l'engagement politique ne se distingue pas de l'appartenance catholique. Un tel mouvement repose sur un "intransigeantisme fortement critique du monde moderne" (Salvatore Abbruzzese) et devient l'un des instruments favoris de la "nouvelle évangélisation" de Jean Paul II.Ses 100 000 adhérents, prêtres et laïcs, se retrouvent dans des groupes de formation, des "exercices spirituels" annuels, des projets caritatifs, missionnaires et culturels. Don Giussani veut ancrer l'Eglise dans tous les secteurs de la culture, à l'Université, dans les partis.En 1973, Communion et libération se dote d'un bras politique, le Mouvement populaire, chargé de contester "le monopole idéologique du marxisme sur l'université". Il crée des journaux (Il Sabato, très polémique, ou Trenta Giorni, dont le directeur est Giulio Andreotti). Ses meetings internationaux attirent chaque été à Rimini sur la côte adriatique des invités prestigieux de la politique, de la science, des idées, et des centaines de milliers de personnes.Mais, face à une société sécularisée devenue méfiante devant toute idéologie, fût-elle religieuse, les disciples de Giussani passent en Italie à la fois pour des idéalistes et pour des fanatiques.