Mort de Mgr Jean-Baptiste Gourion

Mort Mgr Jean-Baptiste Gourion, Père abbé de la communauté bénédictine d'Abou Gosh (Israël), évêque auxiliaire de Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, est mort, jeudi 23 juin, à Jérusalem, à l'âge de 71 ans, des suites d'une longue maladie. C'est une haute figure spirituelle, convertie du judaïsme au catholicisme, intime du cardinal Lustiger, estimée en Israël autant qu'au Vatican, qui vient de disparaître. Né d'une famille juive le 24 octobre 1934 à Oran, Jean-Baptiste Gourion fait des études de sciences naturelles et de médecine en Algérie et à Paris. Et c'est dans la nuit de Pâques 1958 qu'il est baptisé à l'abbaye bénédictine olivétaine du Bec-Hellouin (Normandie), où il fera sa profession de vie monastique en 1965 et sera ordonné prêtre en 1967. En 1976, à la demande du consul général de France en Israël, sa communauté l'envoie à Abou Gosh (à une dizaine de kilomètres de Jérusalem), pour redonner vie à une fondation religieuse en territoire français. Sa communauté de moines, puis de moniales, va s'y développer. Jean-Baptiste Gourion devient prieur, puis Père abbé, dans la terre même de ses ancêtres juifs. Abou Gosh, étape obligée de tous les pèlerins à Jérusalem, est "témoin et à l'écoute d'Israël", explique Jean Guéguinou, ambassadeur de France, président de l'association des amis d'Abou Gosh. On reprochera au Père Gourion une certaine partialité pro-israélienne. Ses relations avec le patriarche palestinien Michel Sabbah - dont il devient le vicaire patriarcal en 1990 - sont parfois tendues. En 2002, il accepte de recevoir le prix de l'Amitié judéo-chrétienne de France à la Knesset, à l'invitation de son président, Abraham Burg. Mais il a aussi beaucoup d'amis chez les chrétiens arabes de Bethléem. Il milite pour la paix et est écouté comme un maître spirituel dans une région déchirée. L'un des moines d'Abou Gosh est réputé comme lui dans le pays pour donner aux recrues israéliennes des cours sur le... christianisme. MÉMOIRE En août 2003, Jean Paul II le promeut évêque auxiliaire du patriarche latin, chargé des fidèles d'expression hébraïque, c'est-à-dire des chrétiens convertis, issus de familles mixtes ou ayant choisi de vivre en Israël au sein du peuple juif (comme le dominicain Marcel Dubois, enseignant à l'Université et devenu citoyen d'Israël). Ils ne sont que quelques centaines à Jérusalem, Tel-Aviv, Haïfa et Beer-Sheva. Mais, pour le cardinal Lustiger, le cardinal Cottier, théologien du pape, et Jean Paul II lui-même, ces fidèles qui utilisent l'hébreu dans leur liturgie ­ ont une importance plus symbolique que numérique : ils sont la mémoire des premières communautés d'apôtres du Christ à Jérusalem. En ce sens, ils se veulent un signe de réconciliation entre juifs et chrétiens, qui devra survivre à l'œuvre et à l'itinéraire exceptionnels du Père Gourion.