Mort de Mgr Armand Le Bourgeois
Mort Mgr Armand Le Bourgeois, ancien évêque d'Autun L'accueil des divorcés-remariés.Ancien évêque d'Autun (Saône-et-Loire), Mgr Armand Le Bourgeois est mort mercredi 2 février à Paris, à l'âge de 93 ans.C'est une grande figure de l'épiscopat français qui vient de disparaître, connu surtout pour son combat en faveur de la réunification des Eglises chrétiennes et d'un assouplissement de l'attitude de l'Eglise à l'égard des divorcés-remariés et de la franc-maçonnerie. Né à Annecy le 11 février 1911, après des études à la Grégorienne (Rome), Armand Le Bourgeois choisit son engagement religieux dans la congrégation des eudistes, dont il est élu en 1953, puis réélu en 1961, supérieur général. C'est au titre de secrétaire de l'Union des supérieurs généraux à Rome qu'il participe comme expert au concile Vatican II (1962-1965).Ordonné prêtre en 1934, il est nommé évêque d'Autun en 1966, siège qu'il quittera en 1987 pour raisons d'âge. Il met en œuvre dans son diocèse une "pastorale" de l'accueil des divorcés-remariés, qui allait déclencher les foudres du Vatican auxquelles ce courageux évêque allait toujours résister.Dans un concert de protestations, il est le premier évêque à autoriser des funérailles chrétiennes et l'accès à l'eucharistie pour des divorcés que leur remariage met au banc des pécheurs.DES POSITIONS AUDACIEUSESCela lui vaut d'innombrables menaces de sanction du Vatican, mais jamais il ne cède, faisant cet aveu dans un livre que lui consacrent Monique Hébrard et Jean-Philippe Chartier (Un évêque français, Desclée de Brouwer. 1986) : "Ce que je ne supporterais de la part d'aucune administration civile, je ne peux pas le tolérer de mon Eglise."Cet homme délicat et cultivé trouve que, de manière générale, l'Eglise parle trop. En l'an 2000, il s'élève encore dans La Croix contre des propos du cardinal Ratzinger répétant que les divorcés-remariés sont en situation de péché. "Il faut lever l'interdiction de la communion eucharistique", plaidera-t-il jusqu'à la fin de sa vie.Armand Le Bourgeois met la même conviction au service de l'unité des chrétiens. La communauté des frères de Taizé, laboratoire de l'œcuménisme, se trouve dans le diocèse d'Autun et il fréquente beaucoup son fondateur, Frère Roger. Président de la Commission épiscopale de l'unité des chrétiens de 1974 à 1981, il prend dans ce domaine aussi des positions audacieuses et est très respecté de ses partenaires protestants, orthodoxes et anglicans.Dans un diocèse difficile où des réalités de l'Eglise aussi diverses que Paray-le-Monial (charismatiques), Saint-Jean de Rimont (communauté des frères de Saint-Jean) et l'équipe de prêtres de Lugny (qui autorise des célébrations de mariages "à l'essai"), Armand Le Bourgeois parvient à maintenir l'unité, démontrant combien l'art de l'évêque est de stimuler sans précipiter, de freiner sans décourager.