Assassinat Meurtres en série dans les rues de São PauloDepuis jeudi, six SDF sont morts et neuf ont été blessés dans des attaques identiques à l'arme blanche. es SDF sont la nouvelle cible de la violence à São Paulo. Depuis jeudi, plusieurs d'entre eux ont été victimes d'une série d'attaques identiques : des coups à la tête portés à l'arme blanche, pendant leur sommeil. Six sont morts et neuf ont été grièvement blessés.La police privilégie deux pistes : une vengeance des narcotrafiquants (nombreux dans le centre-ville, où les agressions ont eu lieu) contre des individus qui auraient omis de leur payer leur drogue, et un acte d'intolérance pure comme celui qui a visé, en 2000, des homosexuels. Elle n'exclut pas non plus un règlement de comptes entre SDF, ni un acte commandité par les commerçants de la région.Barbarie. Si cette dernière hypothèse est évoquée, c'est parce qu'il arrive que des commerçants paient des escadrons de la mort pour les débarrasser de vagabonds, accusés de larcins ou de trafic de drogue. Mais les autorités ont écarté, «pour le moment», toute implication de gendarmes, qui forment généralement ces escadrons. Les attaques rappellent pourtant le massacre dit «de la Candelaria», du nom de la cathédrale près de laquelle huit enfants des rues avaient été abattus par des gendarmes, à Rio, le 23 juillet 1993.Rebaptisé par la presse la «Candelaria paulista», ce nouvel acte de barbarie est le plus grave qui ait visé des SDF. Et «montre à quel point les pauvres sont sans protection», selon l'Eglise catholique. Gardienne des droits de l'homme au Brésil, l'Eglise exige une enquête rapide, «comme si la tuerie avait eu lieu dans les Jardins», le quartier chic de la capitale économique du Brésil. De son côté, la maire de São Paulo, Marta Suplicy, vice-présidente du Parti des travailleurs (PT), la formation du président Lula, a décrété un deuil officiel de trois jours.A quelques semaines des municipales du 3 octobre, l'affaire a donné lieu à un échange d'accusations entre la mairie de la ville et le gouvernement de l'Etat de São Paulo, dirigé par le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). Les deux partis, dont les candidats (Marta Suplicy, qui brigue la réélection, et José Serra) sont les principaux adversaires pour le scrutin, en profitent pour se renvoyer la responsabilité de la tuerie.Effectifs policiers. Faisant écho à l'Eglise, qui accuse la police de n'avoir rien fait pour l'empêcher, la mairie a jugé que le drame «met à nu les terribles lacunes de la sécurité publique», qui relève de la responsabilité du gouvernement de l'Etat.Ce dernier a riposté en annonçant un renforcement des effectifs policiers dans le centre-ville et en accusant l'administration municipale de refuser l'entrée de SDF dans les centres d'hébergements par manque de place. La ville compte plus de 10 000 SDF, un chiffre en hausse continue depuis une décennie.
