Lancement MetOp, un oeil neuf pour la météoAvec le satellite MetOp, qui devait être lancé de Baïkonour (Kazakhstan), lundi 17 juillet, par une fusée Soyouz, la météorologie européenne se met en mouvement. Jusqu'ici, elle ne disposait que d'observateurs fixes dans le ciel, des satellites géostationnaires dont le déplacement, à 36 000 km d'altitude, se calque sur la rotation de la Terre. La nouvelle version du système de géolocalisation ArgosMetOp embarque la troisième génération du système Argos. Cette version du dispositif de géolocalisation et de surveillance de l'environnement (suivi de la faune sauvage, surveillance des flottes de pêche, etc.), opérationnelle depuis 1978, permettra à de nouvelles balises de recevoir des informations du satellite et d'adapter leur comportement."Par exemple, il sera possible de donner à une balise l'ordre de ne plus émettre jusqu'au passage du prochain satellite afin d'économiser ses batteries, explique Antoine Monsaingeon, directeur des applications Argos à CLS, la filiale du CNES chargée d'opérer le dispositif. Ou au contraire, en cas de crise météorologique dans une région du globe, il sera possible de demander aux balises situées sur la zone d'augmenter le rythme de transmission des données." Autre évolution, le débit de la balise vers le satellite sera accru d'un facteur 10 environ.[-] fermerRésidant au-dessus de l'équateur, ces Météosat n'aperçoivent qu'à grand-peine le temps qu'il fait au-dessus des pôles. Or MetOp passera, lui, quatorze fois par jour au-dessus de chacune de ces zones cruciales pour saisir les évolutions climatiques.L'Agence spatiale européenne (ESA), qui le cofinance, et l'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (Eumetsat), qui le gérera, l'ont destiné à une orbite basse (840 km d'altitude), polaire et héliosynchrone, c'est-à-dire calée sur la course du Soleil.Ainsi, au cours de sa "descente" du pôle Nord au pôle Sud, MetOp coupera chaque fois l'équateur, perpendiculairement, à 9 h 30 locale (heure solaire).Le satellite sera donc l'observateur de tous les matins du monde ; il scrutera chaque point du globe à la même heure avant d'effectuer sa "remontée", du pôle Sud au pôle Nord, de nuit.Cette continuité des données et cette couverture exhaustive de la planète placent les satellites en orbite polaire en compléments des géostationnaires, tant pour la précision que pour la fiabilité des prévisions.Or, jusqu'ici, seuls les Américains exploitaient ce genre d'engins, dont ils mettaient les observations gratuitement à disposition de la communauté internationale. A force, ils ont fini par trouver l'effort financier pesant pour leur seul budget.L'Europe apportera donc sa contribution au système, avec un programme de 2,4 milliards d'euros, dont MetOp-1 sera le premier représentant.Deux autres satellites similaires le suivront, en 2010 et 2014, pour un service fourni durant au moins quatorze ans. Ces trois engins ne se contenteront pas d'apporter un renfort aux américains.MetOp doit en effet ouvrir une nouvelle époque de l'observation météorologique. Les 4 tonnes et 6 mètres de long de l'énorme boîte développée par EADS Astrium embarqueront 12 instruments dont plusieurs amélioreront nettement les données actuelles. Le radar Ascat mesurera ainsi la vitesse et la direction du vent à la surface des océans, mais aussi la répartition des glaces terrestres et marines.ANALYSE CHIMIQUELa révolution viendra surtout d'IASI, instrument conçu par le Centre national d'études spatiales (CNES) et construit par Alcatel Alenia Space, qui enverra à lui seul vers la Terre autant de données que ses onze voisins.Ce spectromètre prendra plus de 8 000 points de mesures du rayonnement infrarouge de l'atmosphère, là où son prédécesseur américain s'en tenait à une vingtaine. Il pourra ainsi donner la température des 40 premiers kilomètres de l'atmosphère terrestre, à quelques dixièmes de degrés près, et avec une précision de 1 km en tout point du globe.Les performances d'IASI vont lui permettre de dépasser la prévision météorologique pour s'attaquer aux questions brûlantes de la climatologie. Ses capacités d'analyse chimique des composants de l'atmosphère doivent lui permettre de cartographier les abondances des principaux gaz qui jouent un rôle dans l'effet de serre."Avec IASI, nous pouvons envisager un vrai suivi opérationnel de la pollution, dit Gilles Chalon, responsable du projet au CNES. Nous pourrons voir quelle quantité de monoxyde de carbone émet telle ville, ou tel pays."
