Mort de Melita Norwood

Mort Melita Norwood, célèbre espionne britannique La plus célèbre espionne britannique recrutée par le KGB, Melita Norwood, connue sous son nom de code "Hola", est morte le 2 juin à Bexleyheath (Angleterre). Elle était âgée de 93 ans. Cette communiste impénitente, devenue l'un des agents soviétiques les plus importants en Occident, aura trahi son pays pendant quarante ans sans avoir jamais dû ensuite rendre le moindre compte à la justice. Elle était née Melita Sirnis en 1912, près de Bournemouth, d'une mère anglaise et d'un père letton, tous deux admirateurs de la révolution bolchevique. Son père, relieur, avait traduit et imprimé les oeuvres de Lénine et de Trotski. Formée politiquement par sa mère, Melita, ardente communiste, s'installe à Londres où elle devient en 1932 secrétaire à l'Association de recherche sur les métaux non ferreux. Informés que ce centre s'intéresse au nucléaire, les Soviétiques la recrutent en 1937, sur le conseil de l'un des fondateurs du Parti communiste britannique. C'est l'époque où la connaissance des métaux précieux, tel l'uranium, conditionne le lancement d'un programme d'armement atomique qui aura lieu pendant la guerre sous le nom de code de "Tube Alloys". Avec méthode et discrétion, Melita, alias Hola, photographie et transmet au KGB tous les documents top-secret liés au projet. Elle continue après la guerre lorsque les recherches portent sur la séparation des isotopes mais, objet de soupçons, perd l'accès aux dossiers les plus importants en 1951. Elle fournira des informations à ses agents traitants jusqu'à sa retraite, en 1972. Entre-temps, Moscou lui a décerné secrètement une médaille et une modeste pension. Ayant échappé de justesse à une enquête du contre-espionnage dès 1937, Melita Norwood évitera une lourde condamnation après un premier examen par le MI5 des dossiers apportés à Londres en 1992 par le transfuge Vassili Mitrokhine, ancien archiviste du KGB. Un jeune officier du MI5 juge alors inutile de "harceler une vieille dame". La vérité éclate en 1999 lors de la publication des Archives Mitrokhine : Melita reconnaît publiquement qu'elle était bien Hola. Elle avait joué un rôle moins important que l'espion Klaus Fuchs, mais les informations qu'elle a transmises à Moscou ont permis à l'URSS, estiment les historiens, de gagner deux ou trois ans dans la mise au point de sa bombe atomique. Jusqu'au bout, elle n'a jamais émis le moindre regret et a gardé sa foi entière dans le communisme, qui, dans l'ensemble, disait-elle, "était une bonne idée".