Nouveau/elle Mehmet Ali Talat est le nouveau président de Chypre nordLe Premier ministre chypriote turc Mehmet Ali Talat, partisan d'une réunification de Chypre divisée depuis 1974, a remporté sans surprise avec 55,6% des voix l'élection présidentielle qui s'est déroulée dimanche 17 avril à Chypre nord, après le décompte de l'ensemble des bulletins. Son principal rival, le chef du Parti de l'unité nationale (UBP, nationaliste), Dervis Eroglu, qui a recueilli 22,7% des suffrages exprimés, a reconnu devant la presse sa défaite et félicité le nouveau président de la République turque de Chypre nord (RTCN).DÉSIGNÉ POUR CINQ ANS"Je tends la main à l'administration chypriote-grecque", a déclaré M. Talat lors d'une conférence de presse, estimant que les électeurs chypriotes turcs avaient voté pour la "paix, un règlement et (l'adhésion à) l'Union européenne". Neuf candidats étaient en lice pour ce scrutin au suffrage universel qui visait à désigner pour cinq ans le nouveau chef de cette entité non-reconnue sur le plan international. Mehmet Ali Talat a fondé toute sa longue carrière politique sur sa volonté de réunifier l'île méditerranéenne. Né en 1952 d'une modeste famille de fermiers de Kyrénia (Girne en turc, sur la côte nord), il fait ses premières études dans cette ville où les Turcs sont largement minoritaires avant l'intervention militaire d'Ankara en 1974, qui coupera l'île et la capitale en deux. Quittant son île pour la "mère-patrie", la Turquie, il y fait ses études supérieures et est diplôme ingénieur-électrique de la prestigieuse Université technique du Moyen-Orient à Ankara (ODTU) en 1977. Il y fonde en même temps, et préside, une association particulièrement active d'étudiants chypriotes-turcs. Rentré au pays, il se lance dans la politique après la création en 1983 de la République turque de Chypre du nord (RTCN, non-reconnue internationalement), rejoignant les rangs du Parti Républicain turc (CTP, centre-gauche) dont il prendra la tête lors d'un congrès en 1996.COEXISTENCE DES DEUX COMMUNAUTÉS INSULAIRESDeux fois ministre de l'Enseignement et de la Culture et une fois vice-Premier ministre dans des gouvernements de coalition, M. Talat, député à l'Assemblé chypriote-turque depuis 1998, avait réalisé un score exceptionnel (19 députés sur 50 au parlement) aux législatives de 2004. Il était alors le porte-drapeau des électeurs en faveur d'un règlement de la division de Chypre entre Turcs et Grecs, sur la base d'un plan de réunification proposé par le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan. Ce plan est caduc depuis que les Chypriotes-grecs l'ont rejeté en avril 2004 alors que les Turcs de l'île l'ont massivement approuvé. M. Talat a multiplié les rencontres avec des dirigeants politiques chypriotes-grecs et prôné une coexistence des deux communautés insulaires malgré les profondes rivalités qui les opposent. Il admet cependant qu'il ne souhaiterait pas que sa fille ou son fils épousent des Chypriotes-grecs...
