Annonce Mauvaise fête de la Saint-Patrick pour le Sinn Fein aux Etats-UnisElles viendront toutes à la Maison Blanche, mais pas lui. Gemma, Paula, Donna, Catherine, Claire et Bridgeen, sœurs et compagne de Robert McCartney, ouvrier catholique poignardé à mort le 30 janvier à Belfast par des nervis de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), devaient être reçues par George Bush jeudi 17 mars, jour de la Saint-Patrick, la fête nationale irlandaise. Gerry Adams, chef du Sinn Fein, l'aile politique de l'IRA, ne participera pas à cette cérémonie traditionnelle, à laquelle il n'a pas été invité, pour la première fois depuis sept ans.Le premier ministre irlandais, Bertie Ahern, offrira, selon l'usage, un pot de trèfles, symbole de l'île d'Emeraude, au président américain. Au nom de l'amitié entre son pays et celui où vivent aujourd'hui quelque 40 millions de citoyens de souche irlandaise. Les six femmes remettront à leur hôte un dossier sur le meurtre, gratuit et resté pour l'instant impuni, de leur frère, qui a indigné des millions d'Irlandais et placé l'IRA en situation d'accusée dans une communauté catholique qu'elle est censée protéger.LE "GANGSTÉRISME" DE L'IRAGeorge Bush a souhaité que Gerry Adams soit persona non grata à Washington. Révulsé, se- lon un membre de son entourage, par le "gangstérisme" de l'IRA, il avait pris la peine en décembre de téléphoner au chef du Sinn Fein pour l'inciter à conclure un accord avec les protestants d'Ulster, au moment même où l'IRA s'apprêtait à dévaliser la Northern Bank à Belfast. D'où son amertume d'avoir été trompé par un parti dans lequel il n'avait d'ailleurs jamais eu une excessive confiance.Les sœurs McCartney, mères de famille intelligentes et courageuses, devenues célèbres grâce à leur lutte menée, soulignent-elles, "pour l'amour de Robert", ont accordé plus de 500 entretiens en quelques semaines. A Washington, elles devaient rencontrer aussi Hillary Clinton et Ted Kennedy. "Je suis de tout cœur avec elles", a annoncé le sénateur. Il a, en revanche, refusé de recevoir Gerry Adams, qui s'est dit "déçu", regrettant que l'héritier de la plus célèbre famille américaine d'origine irlandaise ait été "mal conseillé".En pointe dans les critiques contre l'IRA, Ted Kennedy a envoyé un signal fort à Gerry Adams, pour qui il s'était beaucoup entremis dans le passé. Le Sinn Fein, a-t-il tranché, "n'a pas de rôle politique à jouer" tant qu'il dispose de "sa propre armée". Même son de cloche chez Mitchell Reiss, l'émissaire américain pour l'Irlande du Nord : "Il est temps que l'IRA disparaisse et que le Sinn Fein condamne sans équivoque la criminalité."Chaque année, la Saint-Patrick est l'occasion pour le Sinn Fein de recueillir un pactole aux Etats-Unis. Cette fois, le parti a adopté un profil bas, en renonçant à lever des fonds. Mais il n'a pas pu s'empêcher, par la voix de son numéro deux, Martin McGuinness, de mettre en garde les sœurs McCartney contre le risque d'être manipulées politiquement. Avec calme, Catherine a répondu : "Nous ne sommes pas des femmes stupides. Aucun parti ne nous utilise. La seule personne qui tire nos ficelles, c'est Robert."
