Mort de Maurice Hilleman
Mort Maurice Hilleman, un grand créateur de vaccins - Spécialiste américain de vaccinologie, Maurice Hilleman est mort des suites d'une affection cancéreuse, lundi 11 avril, dans un hôpital de Philadelphie.Avec cette disparition, la communauté scientifique internationale perd celui qui restera comme l'un des plus grands créateurs de vaccins du XXe siècle et ce, à un moment où ces acquis essentiels dans la lutte contre les maladies infectieuses sont de plus en plus contestés dans les pays qui, pour des raisons économiques, ont la chance de pouvoir les utiliser.Maurice Ralph Hilleman naît le 30 août 1919 à Miles City, dans l'Etat du Montana. Sa mère et sa soeur jumelle meurent pendant l'accouchement. C'est sur les conseils de son frère aîné qu'il décide, tardivement, de s'inscrire à l'université du Montana. Il poursuit ensuite ses études à l'université de Chicago où il est nommé spécialiste de microbiologie en 1941 avant d'être embau- ché par la firme pharmaceutique E.R. Squibb & Sons. Il développe alors un vaccin contre l'encéphalite japonaise B afin de protéger les troupes américaines engagées dans l'offensive du Pacifique lors de la seconde guerre mondiale.En 1948, Maurice Hilleman rejoint le Walter Reed, centre médical de l'armée américaine, où il reste jusqu'en 1957. A compter de 1952, il devient expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), responsabilité qu'il exercera jusqu'à la fin de sa carrière.En 1957, Vannevar Bush, président de la multinationale pharmaceutique Merck qui avait été directeur de l'Office fédéral de la recherche et du développement durant la seconde guerre mondiale , parvient à convaincre Maurice Hilleman de rentrer dans sa firme.GRIPPE, ROUGEOLE...Il y dirigera le programme de la recherche en virologie et vaccinologie et y fera l'essentiel de sa carrière au sein de l'unité de Whitehouse Station basée dans le New Jersey. Hilleman ne quittera Merck qu'en 1984 après avoir directement contribué à la mise au point de nombreux vaccins parmi lesquels ceux contre la grippe et la rougeole.Dans les années 1960 et 1970, avant l'émergence des technologies de biologie moléculaire, il saura tirer tous les bénéfices des procédés de cultures cellulaires et de production massive, in vitro, de virus pathogène pour l'homme et pour les animaux. Il a ainsi été à l'origine de vaccins contre les oreillons, certaines formes de méningites et de pneumonies. Au total, Hilleman mettra au point huit des quatorze vaccins qui sont aujourd'hui en usage dans les pays industrialisés.A ce titre, on peut affirmer comme l'a fait, au lendemain de sa mort, le docteur Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et maladies infectieuses que les travaux de Maurice Hilleman et de ses collaborateurs ont d'ores et déjà permis de sauver des dizaines de millions de vie à travers le monde. Ses travaux ont aussi eu des conséquences dans des domaines aussi différents que l'épidémiologie, l'immunologie et la cancérologie.La fin de sa carrière aura été marquée par la compétition intense à laquelle il se livra avec le professeur Philippe Maupas (qui exerce au centre hospitalier universitaire de Tours) pour la mise au point d'un vaccin contre l'hépatite virale de type B ; une compétition remportée en définitive dès la fin des années 1970 par la petite équipe dirigée par le virologiste français et qui ouvrit la voie aux premières tentatives, chez l'homme, d'une vaccination contre une maladie infectieuse pouvant évoluer vers un cancer.Pour sa part, Maurice Hilleman était parvenu, au début des années 1970, à mettre au point un vaccin vétérinaire contre un virus du groupe herpès permettant de protéger de la maladie de Marek, une forme de cancer du poulet."Maurice Hilleman restera dans l'histoire comme le spécialiste des vaccins du XXe siècle, a justement déclaré le professeur Robert Gallo, codécouvreur du virus du sida avec le professeur Luc Montagnier. Son nom rejoindra pour toujours ceux de Pasteur ou de Koch dans l'histoire de la lutte des hommes contre les maladies infectieuses. Il fut et restera une source d'inspiration pour les scientifiques cherchant à utiliser la science pour le bien du public."