mort Maurice Deschamps, comédien françaisLe jour de son soixante-seizième anniversaire, samedi 10 juin, le comédien Maurice Deschamps s'est endormi, dans sa maison de campagne de Saint-Agnin (Isère) ; son coeur a lâché ; il ne s'est pas réveillé.Le 28 septembre prochain, il devait inaugurer le Festival Beckett, au Théâtre de l'Athénée, à Paris, avec Fin de partie. Il aurait été Hamm, l'homme cloué dans un fauteuil, aveugle. Maurice Deschamps était aveugle à la suite d'une maladie dégénérative, qui l'affaiblissait depuis des années, mais qui ne l'a jamais empêché de jouer, en grand comédien qu'il était.Sa mort n'est pas de celles qui font du bruit dans la sphère publique. Mais elle appelle le silence de la tristesse auprès de ceux qui ont travaillé avec lui, et qui ne sont pas des moindres : Georges Lavaudant, Chantal Morel, Jean-Louis Martinelli, Jacques Nichet..., compagnons de la seconde partie de sa carrière, à partir des années 1980.La première partie de sa vie d'acteur a commencé en 1964, à Lyon. Maurice Deschamps, qui était né le 10 juin 1936 à Taninges (Haute-Savoie), est entré dans le métier par l'action culturelle, et, fidèle à l'idée de la décentralisation, n'a quasiment jamais quitté sa terre, la région Rhône-Alpes.Dans les années 1960 et 1970, il joue au Théâtre de la Cité avec Roger Planchon et au Théâtre des Jeunes Années de Lyon, avant d'entamer un long compagnonnage avec Bruno Carlucci, au Théâtre de la Satire de Vénissieux.Les années 1980 le voient auprès de Bruno Boëglin et de Georges Lavaudant, qui le dirige dans Feroé, la nuit, de Michel Deutsch, au Théâtre national populaire de Villeurbanne, en 1989, et le retrouvera, en 1999, pour L'Orestie, d'Eschyle, à L'Odéon-Théâtre de l'Europe, à Paris.Entre-temps, Maurice Deschamps a été un roi Lear exemplaire, en 1993, dans la mise en scène de la Grenobloise Chantal Morel, avec laquelle il a fait une des plus belles parties de sa route, jouant Pinget (La Lettre morte, au Festival d'Avignon, en 1987), Kleist (La Cruche cassée), ou Serge Valletti (Le jour se lève, Léopold !).Maurice Deschamps n'avait pas seulement une présence. Il accompagnait les personnages qu'il jouait au bout de leur vérité, quelle qu'elle fût. C'est pour cela que Jean-Louis Martinelli l'a choisi pour être Pitchum dans L'Opéra de quat'sous, de Brecht, ou que Jacques Nichet en fit le coryphée dans Antigone, de Sophocle. Quant à Philippe Delaigue, il lui offrit, à Lyon et à Valence, le rôle-titre de Galilée, de Brecht, ou celui de Caribaldi, dans La Force de l'habitude, de Thomas Bernhard.Le temps passant, de jeunes metteurs en scène ont voulu confronter leur expérience à celle de l'acteur qui n'a cessé de cheminer dans l'exigence qu'il se faisait du métier, affirmant ses choix avec la même vigueur que celle dont il faisait montre à la ville.Ainsi, Jean-Christophe Saïs avait appelé Maurice Deschamps pour jouer dans Quai Ouest, de Bernard-Marie Koltès. Et c'est un autre jeune metteur en scène, Bernard Lévy, qui devait le diriger dans la pièce de Beckett au titre prémonitoire d'une vie d'acteur, Fin de partie.
