Exploit Maud Fontenoy réussit la traversée du Pacifique à la rameLa navigatrice à la rame Maud Fontenoy, 26 ans, a coupé samedi la ligne d'arrivée au nord de l'île de Hiva Oa, l'une des Iles Marquises, en Polynésie française, a constaté un journaliste de l'AFP.La jeune femme n'était pas encore tout à fait au bout de ses peines puisqu'il lui restait encore quelques heures à ramer avant d'atteindre l'île elle-même et de toucher terre. Elle sera accuellie sur la plage par un orateur en habit traditionnel. Chants et danses sont prévus.D'Hiva Oa, où reposent le peintre Paul Gauguin et le chanteur Jacques Brel, la jeune femme sera ensuite emmenée à Papeete pour une grande fête.Maud Fontenoy avait quitté Callao (Pérou) le 12 janvier dans son embarcation longue de 7,5 mètres et large de 1,6 mètre. Bénéficiant de la force du courant équatorial sud entre le continent sud-américain et la Polynésie, la jeune femme est arrivée après 73 jours de traversée, avec un mois d'avance sur ses prévisions.Elle a couvert à bord de sa petite embarcation Océor près de 7 000 km sur une route plus au nord que celle empruntée par l'explorateur norvégien Thor Heyerdahl. Avec cinq hommes d'équipage, ce dernier avait franchi le Pacifique en 1947 sur le légendaire radeau de balsa, Kon-Tiki, et touché terre 101 jours plus tard aux Tuamotu, autre archipel de Polynésie française."SUPERBE EXPLOIT"Le président Jacques Chirac et le premier ministre Jean-Pierre Raffarin ont adressé samedi des télégrammes de félicitations à la navigatrice, dont M. Chirac a notamment loué "les qualités tant morales que physiques" et le "courage"."Bravo pour ce superbe exploit!", a ajouté M. Chirac. "Nous imaginons tout le courage et toute la détermination dont il vous a fallu faire preuve afin de vaincre les difficultés à bord dans votre petite embarcation. Vos qualités, tant morales que physiques, ainsi mises à l'épreuve suscitent l'admiration de tous".De son côté, M. Raffarin a évoqué les "73 jours de dépassement de soi" de la navigatrice, en saluant "cet exploit sportif exceptionnel".Mais l'épreuve n'a pas été de tout repos. Certes, le Pacifique sud s'est montré plus clément avec la jeune aventurière que l'Atlantique nord qu'elle avait traversé en 2003 et dont elle était venue à bout après 117 jours, 6 700 km parcourus et une vingtaine de chavirages.Mais elle a frôlé le drame le 20 mars comme en témoigne son journal de bord : "Brutalement, un rugissement terrible se fait entendre. Une déferlante d'une taille démesurée nous engloutit Océor et moi. Une peur glacée m'envahit. Ma tête vient de heurter la bulle. Ma respiration se bloque. Océor tourne sur lui-même comme broyé par la vague... nous venons de chavirer".Le petit habitacle de l'embarcation est gorgé d'eau. Le téléphone satellite, seul lien avec la terre, ne fonctionne plus... Panique.Puis l'océan se calme. Maud s'emploie à sécher méticuleusement le téléphone avec des cotons-tiges. Elle est proche de déclencher sa balise Argos. Après plusieurs essais infructueux, l'appareil revient à la vie : "j'appuie sur une touche... bip... bip une douce chaleur m'envahit. Miracle... Ca sonne timidement... On décroche... Les larmes coulent sur mon visage" (journal de bord).Deux jours plus tôt, Maud Fontenoy avait reçu une visite inattendue, celle de la frégate Prairial de la marine française, faisant route plein nord vers l'atoll de Clipperton pour réaffirmer la souveraineté française sur cet îlot corallien où le "savanturier" Jean-Louis Etienne conduit une expédition naturaliste depuis quatre mois. L'aventure s'est finalement bien terminée, quelques jours après cette rencontre inattendue.
