Changement Matthias Platzeck, originaire de l'ex-RDA, prend la tête du SPD en AllemagneLe SPD a de nouveau un patron à sa tête. C'est Matthias Platzeck lui-même qui a annoncé la nouvelle mardi soir à Berlin, à la suite d'un tête-à-tête avec l'autre éventuel candidat, Kurt Beck, ministre-président de l'Etat régional de Rhénanie-Palatinat, lequel a de son côté annoncé soutenir Platzeck. Ce dernier a précisé avoir reçu l'appui de l'ensemble des organisations régionales du SPD.UN PARTI RAJEUNIAvec Matthias Platzeck, le SPD, la plus vieille formation politique allemande, née en 1863, procède à une relève de générations, le futur président étant âgé de 51 ans, alors que Franz Müntefering en compte 65 et que le chancelier social-démocrate sortant, Gerhard Schröder, porte allègrement ses 61 printemps. L'ensemble de la direction devrait d'ailleurs être fortement rajeuni à l'issue d'une réunion du présidium du SPD, mercredi en fin d'après-midi, qui doit ratifier les choix intervenus.Le futur président du SPD a également indiqué qu'il cumulerait cette nouvelle responsabilité avec sa charge de ministre-président de l'Etat régional du Brandebourg (est), qu'il dirige à la tête d'une "grande coalition" avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU). "C'est un grand honneur pour moi", a déclaré Matthias Platzeck, ajoutant que sa candidature avait été décidée "en plein accord avec Franz Müntefering" et dans "la perspective de voir ce dernier représenter le SPD comme vice-chancelier au sein d'un gouvernement de grande coalition avec les chrétiens-démocrates", sous la direction de la chrétienne-démocrate Angela Merkel.MÜNTEFERING MIS EN MINORITÉLa crise avait éclaté lundi à la suite de la mise en minorité de Franz Müntefering au sein de la direction du SPD, celle-ci lui infligeant un cinglant camouflet en donnant la préférence pour le poste de secrétaire général à une dirigeante de l'aile gauche, Andrea Nahles, au détriment de son poulain, Kajo Wasserhijvel.Franz Müntefering avait alors annoncé qu'il ne pouvait plus diriger le SPD "dans ces conditions" et indiqué qu'il ne serait pas candidat à sa propre succession lors du congrès extraordinaire du parti, à Karlsruhe, du 14 au 16 novembre. Ce coup de tonnerre était survenu en pleines et difficiles négociations entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates pour la formation d'un gouvernement de "grande coalition".Franz Müntefering avait toutefois confirmé la volonté du SPD de former avec la CDU-CSU ce gouvernement de "grande coalition", tout en laissant ouverte la question de savoir s'il y assumerait les responsabilités de vice-chancelier et ministre du travail et des affaires sociales, comme cela était prévu.VICTOIRE À LA PYRRHUSLa "tombeuse" de Franz Müntefering, Andrea Nahles, âgée de 35 ans, pourrait donc bien avoir remporté une victoire à la Pyrrhus, car il est peu probable que Matthias Platzeck, qui est un proche de Gerhard Schröder et a toujours été favorable à sa douloureuse politique de réformes sociales de l'Etat-providence, souhaite l'avoir à ses côtés à la direction du SPD. Lundi, il s'était d'ailleurs prononcé contre elle. Dès mardi soir, le nom de Sigmar Gabriel, 46 ans, pressenti comme ministre de l'environnement dans le futur gouvernement fédéral, était avancé pour occuper le poste stratégique de secrétaire général du parti.Devant la colère suscitée chez de nombreux militants par la mise en minorité de Franz Müntefering, Andrea Nahles elle-même avait envisagé mardi de renoncer à sa candidature qui devait être ratifiée, comme toutes les autres, au congrès de Karlsruhe.
