Annonce Mars : la guerre des noms aura-t-elle lieu ? A l'occasion des missions Opportunity et Spirit, la NASA a baptisé certains sites martiens. Une démarche normalement dévolue à l'Union astronomique internationale. Explications de la revue Ciel & Espace. Le 6 Janvier dernier, Sean O'Keefe, administrateur de la NASA, annonce le baptême des collines martiennes qui entourent le robot Opportunity en mémoire des astronautes de Columbia, de Challenger et d'Apollo 1. "Tout au long de l'histoire, les explorateurs ont eu l'honneur et la responsabilité de nommer les lieux destinés à devenir des points de repère importants". Le message est clair : il ne s'agit pas, comme le font habituellement les scientifiques, de donner des petits noms aux éléments de reliefs pour les reconnaître, mais bien de marquer la planète du sceau américain.Rejet attenduCes appellations ont-elles seulement une chance de figurer un jour sur les cartes ? A ce jour, l'Union astronomique internationale (UAI), créée en 1919 pour harmoniser les cartes des différents corps célestes, est l'unique autorité compétente. Elle se réunit tous les trois ans, et au moment du vote le nombre de représentants de chaque pays vaut de l'or. Les Etats-Unis y sont nettement majoritaires…Retrouvezl'intégralité decet article dansle numéro dejuillet deCiel & EspaceL'homologation des noms choisis par O'Keefe ne serait-elle donc qu'une formalité ? Ce n'est pas si facile : l'UAI s'est en effet imposé une ligne de conduite pour éviter les nominations votées sous la pression des circonstances : seuls les individus décédés depuis plus de trois ans sont pris en considération et ce à condition qu'ils ne soient ni des leaders militaires, ni des figures religieuses de moins de 3000 ans… Au mieux, les noms des sept astronautes disparus dans l'accident de Columbia, attribués par O'Keefe aux collines qui barrent l'horizon est du robot Spirit, ne seront pas officialisés avant la session de 2006. Et cette hypothèse est déjà rejetée par Philippe Masson, l'un des six membres de la commission pour la nomenclature de Mars car les noms de ces astronautes ne s'intègrent pas au système adopté.EntorsesReste que la règle a déjà subi des entorses. La plus notable concerne la surface lunaire. En pleine Guerre froide, en 1970, 513 nouveaux noms furent retenus, la plupart pour la face cachée. Et pour la première fois, l'UAI immortalisa des personnages encore en vie : dix astronautes américains et six cosmonautes soviétiques. Dès cette date, des cratères lunaires reçurent les noms de Grissom, White et Chaffee. Mieux, plusieurs astronautes des missions Apollo baptisèrent des éléments topographiques des noms de leurs épouses ou de leurs collègues à la NASA. Purement officieuses, ces appellations furent finalement homologuées par l'UAI… Alors, y aura-t-il un jour, sur l'insistance des Américains, une tholus (colline) grissomis, analogue à Valles Marineris, déjà baptisée ainsi d'après la sonde Mariner ? Suite du feuilleton en 2006.De la pluie sur Mars ?Des chercheurs du CNRS, de l'Université Paris-Sud/Orsay et de l'Université Claude Bernard de Lyon montrent pour la première fois la présence de réseaux de vallées fluviatiles très ramifiées sur Mars. Elle témoigne, selon eux, "d'une intense activité d'érosion probablement liée à des précipitations il y a environ trois milliards d'années". Les données ont été obtenues grâce à l'imagerie infrarouge de la mission Mars Odyssey, en orbite martienne depuis 2001. Publiées jeudi dans la revue Science, "elles témoignent d'une période où l'eau liquide était présente à la surface de la planète de manière stable, au cours d'une période chaude plus longue que ce qui est habituellement proposé", souligne le CNRS. Des écoulements souterrains, ou même des fontes de glaciers, ne présenteraient pas de réseaux aussi ramifiés en surface car leurs sources seraient localisées sur des lignes de failles ou au front des glaciers. L'origine des vallées martiennes est l'objet de débats intenses depuis trente ans.
