Annonce Marionnaud: «M. Frydman ne laissera pas tomber ses filles» A Orléans, les salariés restent confiants malgré le rachat par Watson. Le rachat du distributeur de cosmétiques et de parfums Marionnaud par le géant mondial AS Watson (Libération de ce week-end) pose de nombreuses questions quant au devenir des 568 magasins français et de leurs personnels. Pour l'heure, Maurice Frydman, fondateur et ancien Pdg du groupe, se veut rassurant : cette prise de contrôle «n'entraînera pas de plan social» pour les 5 700 salariés français, juste la revente ou la fermeture possible d'une quarantaine de magasins. «Une grande famille». Dans certaines agglomérations, comme sur Orléans (Loiret), trois magasins peuvent exercer leur activité sur un périmètre d'à peine 800 mètres. De quoi, a priori, nourrir rumeurs et inquiétudes sur un possible écrémage. Etrangement, les salariés des trois boutiques orléanaises sont sereins. «M. Frydman ne laissera jamais tomber ses filles. Marionnaud, c'est une grande famille, vous savez», lance Françoise Policard, la responsable du magasin Bourgogne. Un enthousiasme confirmé par l'une de ses vendeuses : «Nous devenons le premier groupe mondial en parfums et cosmétiques, pourquoi s'en inquiéter ?» Ces réactions, aux antipodes des craintes syndicales, trouvent manifestement leur origine dans les méthodes de management au paternalisme bienveillant. «Nous avons toutes le numéro de portable de M. Frydman. C'est un homme sensible au devenir du groupe et au bien-être de ses collaborateurs», poursuit la responsable, l'air ému et le regard comblé de reconnaissance. Lorsqu'en octobre 2000, Françoise Policard se décide à rejoindre la «famille Marionnaud», elle gère le Rayon d'or, enseigne prospère de parfums et cosmétiques. Comme Valérie Bercher, du magasin Bannier, également racheté par Marionnaud, elle est devenue chef de magasin et salariée du groupe. «Le rachat de notre enseigne par Marionnaud ne s'est accompagné d'aucune suppression de postes et nous avons toutes bénéficié des nombreux avantages du groupe, dont les 33 heures de travail hebdomadaire payées 39 !», se targue Valérie Bercher. «Il règne dans l'entreprise un tel esprit de solidarité et de confiance qu'il dépasse toutes les appréhensions», poursuit-elle. Les gros doutes sur d'éventuelles manipulations comptables, ces dernières années, et les rumeurs d'un possible rachat ont à peine entamé le capital confiance de Papy Frydman. «Depuis plusieurs semaines, des bruits couraient. Les noms du Français Pinault et de l'Allemand Douglas revenaient régulièrement, se souvient Françoise Policard. Nous n'étions pas inquiètes et faisions confiance à M. Frydman.» Grand-messe. L'annonce officielle d'un rachat s'est faite à l'occasion de la grand-messe annuelle du groupe. C'était dimanche 9 janvier au Palais des sports de Paris, 4 500 «Marionnaud» recevaient la bonne parole du fondateur : «M. Frydman s'est voulu rassurant. A aucun moment, je n'ai senti d'angoisse ou d'appréhension. Nous étions soudées», insiste Valérie Bercher, indiquant que «chaque jour, toutes les informations sont disponibles sur l'Intranet». A Orléans, si inquiétude il y a, c'est d'abord pour les autres. Et notamment les magasins déficitaires. «Ici, chacun des magasins a trouvé sa place. Nous avons foi en l'avenir. Par contre, je ne sais pas si les structures moins rentables que M. Frydman mettait un point d'honneur à maintenir en l'état pourront faire face aux restructurations», redoute Françoise Policard. De son côté, Valérie Bercher s'interroge sur le devenir des fournisseurs : «Ils vont se retrouver à négocier des volumes tels qu'ils auront à revoir leur politique commerciale. Certains d'entre eux qui ont la grosse tête seront contraints de mettre de l'eau dans leur vin et de revoir leur copie.» L'annonce par leur PDG de son maintien à la tête du groupe ­ Frydman devrait bénéficier d'un poste honorifique de direction ­ contribue à entretenir cet élan de confiance. Une réunion des cadres nationaux et des responsables de plates-formes régionales doit se tenir aujourd'hui, afin d'en préciser les modalités.