Accuser Marion True, la directrice de la Villa Getty sise à Malibu (Californie), consacrée aux antiquités, a été inculpée par les autorités italiennes pour complot criminel, acquisition et recel de biens archéologiques excavés ou exportés illégalement. Son procès doit s'ouvrir le 18 juillet à Rome. Dans un communiqué, le Musée Jean-Paul Getty s'avoue "déçu" par la décision italienne et affirme son soutien à "notre curatrice d'antiquités très respectée" .Sans préciser si Marion True, 56 ans, sera présente à son procès, le Getty confirme sa pleine coopération avec les enquêteurs italiens. Dans le cadre d'une enquête qui aura duré dix ans, Marion True a déjà été entendue par le parquet de Rome. Une quarantaine d'objets sont visés par la procédure, dont deux statues : un marbre d'Aphrodite du Ve siècle avant J.-C - ce clou des collections, qui a été importé par le Getty en 1987 pour une valeur déclarée de 20 millions de dollars (16,3 millions d'euros) aurait été excavé frauduleusement en Sicile dans les années 1970 ; la seconde statue représente la déesse de la fortune Tyché, datant du IIe siècle avant J.-C., et provient de la collection privée de Lawrence et Barbara Fleischman. Selon le Los Angeles Times, Marion True est accusée d'avoir utilisé l'acquisition par le Getty, en 1996, de la collection de 300 pièces appartenant aux New-Yorkais Fleischman, pour "blanchir" des objets d'art à la provenance douteuse.Tous les chefs d'accusation et la peine encourue ne seront connus qu'à l'ouverture du procès. Récemment, un trafiquant d'art italien, Giacomo Medici, a été condamné à une amende et à dix années de prison dans le cadre de la même affaire. Medici, qui fait appel, aurait vendu des objets d'art au Getty.La Villa Getty, fermée pour des travaux de rénovation, doit rouvrir à l'hiver 2006. Le procès de Marion True tombe mal pour cette institution qui tentait de se refaire une réputation.Marion True, docteur de l'université Harvard, travaille au Getty depuis vingt-trois ans. Elle dirige le département des antiquités depuis 1986 et y a accru les collections. En 1999, sous sa gouverne, le Getty s'est même défini un code de conduite et a décidé de rendre trois œuvres à l'Italie : un gobelet en terre datant de 480 avant J.-C., provenant d'une fouille illégale ; et deux œuvres du IIe siècle, un torse du dieu Mithra, volé à une collection privée, et une effigie d'athlète, subtilisée sur un champ de fouille. L'institution participe même à un service d'identification de l'art volé.Ce procès pourrait être lourd de conséquences pour le marché des antiquités et celui des fouilles et des exportations illégales. Si les Italiens obtiennent la condamnation de Marion True, ils pourraient alors poursuivre d'autres musées en justice.
