Annonce Marée Noire : La cour d'appel de Paris doit trancher aujourd'hui sur l'état de l'enquête sur le naufrage du pétrolier «Erika» : bataille pour une nouvelle expertise La justice doit trancher aujourd'hui sur un point clé du très confus dossier Erika. A ce stade, il s'agit, pour la cour d'appel de Paris, de choisir entre deux enquêtes... pour dire s'il faut en commander une troisième afin de déterminer les responsabilités du naufrage de décembre 1999 et de la très large pollution des côtes de Bretagne jusqu'en Aquitaine. En effet, soit un tribunal pénal peut juger des responsabilités en l'état de l'enquête du juge d'instruction. Soit il convient au contraire, à la lumière des avis apportés au civil par d'autres experts nommés par le tribunal de commerce de Dunkerque, de réaliser une nouvelle contre-enquête technique sur l'état du pétrolier. La différence ? L'enquête civile, demandée par Total, affréteur du navire, lui permet de ne pas endosser la responsabilité technique du naufrage, tandis que celle de l'instruction pénale se révèle très défavorable au groupe pétrolier poursuivi pour «complicité de mise en danger de la vie d'autrui et pollution maritime». Tout se joue à la fin du mois de juin 2004, lorsque le juge chargé de l'enquête pénale, Mme Dominique de Talancé, s'oppose au parquet de Paris qui lui demande d'ordonner une nouvelle expertise. La raison : Total venait de verser au dossier un «prérapport d'étape» réalisé par des experts civils commis, dans le cadre d'une action demandée par la compagnie pétrolière, par le tribunal de commerce de Dunkerque. Et ces techniciens parvenaient à des conclusions carrément opposées à celles de l'expertise du juge de Talancé : ils écartaient la mise en cause de Total. «Le juge a raison de refuser la demande du parquet, puisque les éléments sur lesquels l'enquête au civil s'appuie sont moins complets et moins précis», estime pour sa part Corinne Lepage. Un point de vue que l'on ne partage pas du côté de Total, où l'on estime que l'enquête est au contraire plus équilibrée au civil. «Les experts ont fait une analyse de bon sens. Et que l'on ne dise pas qu'ils ont été achetés par Total. Car si la société a avancé l'argent, c'est parce que la procédure le prévoit», précisait au mois de mai dernier Me Daniel Soulez-Larivière, avocat du groupe pétrolier. Les experts du tribunal de Dunkerque estiment qu'une corrosion du navire située au niveau de la cuve a provoqué le sinistre en entraînant une voie d'eau sous le niveau de la mer. Cette corrosion ne pouvait, selon eux, être décelée par les inspecteurs chargés par Total de contrôler le bon état du navire. Les experts commis dans le cadre de l'instruction de Dominique de Talancé avaient affirmé, au contraire, que le sinistre était lié à des fissures sur le pont, décelables lors des contrôles que Total avait obligation de réaliser. Outre Total, dix-sept personnes physiques et morales sont également poursuivies, dont le capitaine indien du navire, le propriétaire italien, la société italienne chargée de sa gestion technique ou encore la société de classification italienne.