Nomination Marc-Olivier Wahler à la tête du Palais de TokyoLe Suisse Marc-Olivier Wahler, 41 ans, ancien directeur du Swiss Institute de New York, doit, selon nos informations, prendre en février 2006 la direction du Palais de Tokyo à Paris. Il succédera à Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans, responsables de ce centre d'art contemporain depuis son ouverture en janvier 2002. Il a été choisi par un jury composé d'une dizaine de personnalités venues de la délégation aux arts plastiques du ministère de la culture, du conseil d'administration de l'association Palais de Tokyo-Site de création contemporaine, présidée par le PDG de Publicis, Maurice Lévy, de trois responsables de centres d'art et d'une artiste. "A l'unanimité", confie un membre du jury. Il a été préféré à dix autres candidats, qui se présentaient curieusement en couples, comme le duo composé de l'artiste Eric Corne, ancien directeur du centre d'art Le Plateau (Paris-19e), et de Gaël Charbeau, fondateur de la revue Particule, ou encore le tandem de commissaires d'exposition Stéphanie Moisdon et Eric Troncy... Une autre candidature collective, celle des artistes regroupés dans la Fédération des réseaux et associations des artistes plasticiens (Fraap), les seuls à avoir rendu public leur programme, avait été écartée dès le premier tour."L'ART CHEZ LES GENS"Né en 1964, Marc-Olivier Wahler a étudié l'histoire de l'art et la philosophie aux universités de Neuchâtel et Lausanne. Il a enseigné l'histoire de l'art et la littérature anglaise en 1987, avant d'être nommé conservateur au Musée des beaux-arts de Lausanne en 1993. Il rejoint ensuite l'équipe du Musée d'art moderne et contemporain à Genève, puis est un des fondateurs, en 1995, du Centre d'art de Neuchâtel, dont il assure la direction artistique pendant six ans. En 2000, il organise la 10e édition de l'exposition suisse de sculptures à Bienne. Intitulée "Transfert", elle réunissait près de cinquante artistes internationaux dans l'espace urbain : "Je voulais faire venir l'art chez les gens, dans la rue..."Un principe qu'il réactive dès son arrivée à New York, en 2000, à la tête du Swiss Institute. Les habitants de la 18e Rue, dans le quartier de Chelsea, ont pu ainsi voir quatre motards faire patiner leur pneu arrière sur le bitume de Manhattan. La pratique, nommée "burn out", permet de laisser une belle trace de gomme sur l'asphalte. C'est ce qui inspire l'artiste bâlois Lori Hersberger, maître d'oeuvre de cet étrange ballet, invité par Marc-Olivier Wahler. "Ce qui m'intéressait, explique ce dernier, c'est que les dessins ne pouvaient se voir vraiment que d'en haut des immeubles, ce qui est vraiment à l'image de Manhattan."Sa perception des réalités new-yorkaises révèle parfois trop d'acuité, ce qui lui vaut, après les attentats du 11-Septembre, une visite du FBI. L'exposition qu'il devait inaugurer ce jour funeste s'intitulait en effet "Mayday, Mayday", ce code d'alarme qu'envoient les pilotes en perdition. Elle était entièrement consacrée aux visions apocalyptiques d'artistes contemporains.Son projet pour le Palais de Tokyo, qui ne prend pas en compte les éventuels développements du bâtiment dont des milliers de mètres carrés restent inutilisés souhaités par le ministre de la culture, est de faire intervenir durant les trois ans de son mandat un artiste de renommée internationale, associé à la programmation de chaque année. Et vise à imposer le Palais de Tokyo, et donc les artistes qu'il présente, comme une référence à l'étranger.
