Mort de Marc Favreau

Mort Marc Favreau, créateur de Sol, clown-clochard Le comédien et humoriste canadien Marc Favreau est mort des suites d'un cancer, samedi 17 décembre, à Montréal. Agé de 76 ans, il était le "clochard" le plus populaire du Québec. Comédien émérite, il avait créé en 1958 un personnage — Sol — dont il n'allait plus jamais quitter les vêtements rapiécés. De monologue en monologue plein d'humour, il portait depuis la bonne parole de son clown-clochard, quasi analphabète, qui jouait sur les mots avec délice. "Avec Sol, disait-il, je peux parler de tout, car c'est un bébé qui répète de travers tout ce qu'il entend." Né à Montréal le 9 novembre 1929, Marc Favreau fait des études de dessin industriel avant d'être "piqué par le virus de la scène". Il étudie le théâtre à Montréal puis à Paris avec Jean Valcour dans les années 1950. Comédien et auteur de séries télévisées au Québec, il joue Pierrot, Arlequin ou Ubu au théâtre et se spécialise, parallèlement, dans les émissions pour enfants. Il y peaufine, à partir de 1972, son personnage de Sol, qui passera maître plus tard, et pour un public adulte, dans l'art des pirouettes sémantiques et de "l'approximation verbale". En 1973, Marc Favreau donne son premier spectacle solo : Enfin Sol. Dans les années 1970, il brille sur les scènes européennes, dont le Festival d'Avignon avec Rien d'étonnant avec Sol. Au Québec comme en France, il étonne avec ses monologues faussement naïfs, à l'humour tendrement grinçant, faisant la part belle au verbe coloré. "L'humour, disait-il, c'est plus qu'une blague qui fait rire." Pour lui, c'était surtout le moyen idéal pour faire passer un message humaniste. Ses thèmes de prédilection ? La violence dans le monde, le gaspillage, les comportements humains... Dans son dixième et dernier spectacle, Prêtez-moi une oreille à tentative, il discourait ainsi, cet automne, avec une poubelle comme seul accessoire de scène, sur l'état de la planète, la consommation et le pouvoir. Le monde ne change pas avec le temps, clamait son personnage en se plaignant de ces "premiers sinistres" et "dépités" qui racontent toujours les mêmes histoires à leurs électeurs !