Tendance Manu Ginobili est devenu l'homme fort de l'équipe des Spurs de San Antoniodepuis quelques jours tous les amateurs de spots aux Etats-Unis se pâment devant les exploits de Manu Ginobili, l'arrière argentin de l'équipe de basket des Spurs de San Antonio. Les éditorialistes et chroniqueurs du New York Times, du Boston Globe, du Los Angeles Times ou du Chicago Tribune dissertent sur le jeu atypique de cet athlète de 27 ans et mesurant 1,98 m.Une rencontre a suffi pour faire de Ginobili une légende. Et quelle rencontre ! Lors du premier match des finales NBA entre San Antonio et Detroit, sublime dans le dernier quart temps de la partie, il réalise 15 points à 100 % de réussite. Impuissants face au style peu orthodoxe de Ginobili, les Pistons de Detroit s'inclinent 84-69. "Il a fait ce qu'il a voulu, a concédé, résigné, Larry Brown, l'entraîneur des Pistons. Il a remporté tous les combats physiques et a attaqué le cercle. Nous n'avons pas réussi à rester en face de lui. Sa volonté de gagner était plus forte que la nôtre." Personne ne le pense capable de rejouer une telle partition, mais il se démultiplie lors du deuxième match. Tour à tour distributeur, intercepteur, tireur d'élite en périphérie, l'Argentin martyrise une nouvelle fois la défense de Detroit avec 27 points et 7 passes décisives. Humiliés, les champions en titre concèdent, dimanche 12 juin, leur deuxième défaite, 97-76.Titulaire d'une défense réputée pour ne laisser aucun espace aux attaquants, ayant chloroformé l'an dernier le jeu racé de l'esthète Kobe Bryant, Detroit semblait sans solution face au jeu imprévisible de l'athlétique et virevoltant Ginobili. Comment maîtriser un joueur qui ne sait pas lui-même ce qu'il va faire quand il s'élance vers le panier ?A son arrivée à San Antonio, lors de la saison 2002-2003, Ginobili a dû convaincre son nouvel entraîneur, Gregg Popovich, apôtre d'un style rigoriste, de l'efficacité de son jeu, en apparence fantasque. L'Argentin avait beau débarquer en NBA avec un palmarès européen des plus édifiants (Final Four en 2001 et trois titres dans le championnat italien), à San Antonio il repartait à zéro. Les premiers rapports avec Popovich furent tendus. L'entraîneur ne comprenait pas pourquoi Ginobili semblait rechercher la complication, le geste spectaculaire. A chaque remarque de Popovich, l'Argentin lui donnait la même réponse : "C'est comme cela que je joue sur un terrain, c'est dans ma nature !" ACTIONS DES PLUS ÉTRANGESIl faudra attendre la médaille d'or de Ginobili aux Jeux olympiques d'Athènes et son élévation cette année au rang d'All Star pour voir Popovich laisser le joueur être lui-même."Manu m'a ouvert les yeux et a fait de moi un coach différent, avoue Popovich. Il est arrivé à me faire croire que l'on peut réaliser les actions les plus étranges, les plus imprévisibles et malgré cela arriver à en tirer quelque chose de positif. Je sais maintenant que tout ce qu'il fait sur un terrain, c'est pour gagner. Car il a le même esprit de compétition qu'un Michael Jordan." Si sa médaille aux derniers Jeux olympiques d'Athènes a permis à Ginobili de gagner la confiance de ses coéquipiers et de son entraîneur, elle l'a également élevé au statut de dieu vivant en Argentine.La victoire des coéquipiers de Ginobili en finale des JO contre l'Italie (84-69) et le succès, le même jour, de l'équipe de football en finale contre le Paraguay (1-0) avaient permis à l'Argentine de décocher ses deux premières médailles d'or en cinquante-deux ans.Le natif de Bahia Blanca est sans contestation le sportif le plus adulé du pays. Une popularité qui a son prix."Aux Etats-Unis les fans sont polis et réservés, confie Ginobili. En Argentine, ils peuvent devenir complètement fous. Si vous avez le malheur de vous promener dans la rue et de tomber sur un groupe de fans, la situation peut très vite devenir dangereuse." Les succès de Ginobili en NBA et de l'équipe argentine aux JO ont ouvert les yeux des franchises américaines. Cette année, son partenaire olympique Carlos Delfino était débutant avec les Detroit Pistons. Andres Nocioni a trouvé preneur aux Chicago Bulls. L'année prochaine, les Spurs vont récupérer l'ailier Luis Scola et peut-être le pivot Fabricio Oberto qui évoluent tous les deux dans le championnat espagnol.Alors que l'on demande à Ginobili si cet intérêt des Etats-Unis pour les basketteurs argentins est la reconnaissance du parcours de l'équipe nationale aux Jeux, il émet une objection révélatrice : "Je ne pense pas que notre équipe nationale base son succès sur la réussite individuelle de ses joueurs. Elle est le symbole du jeu d'équipe, de l'esprit de camaraderie et ce, sans se soucier du talent de tel ou tel joueur." Des valeurs qui rappellent celles partagées par les San Antonio Spurs d'un certain... Manu Ginobili.
