Attentat Manifestations et assassinats après l'attentat perpétré contre le mausolée de SamarraLa flambée de violence communautaire qui secoue l'Irak depuis l'attentat à la bombe attribué à Al-Qaida contre le sanctuaire chiite de Samarra fait surgir le spectre d'une guerre civile totale dans l'esprit des dirigeants politiques à Badgad et à l'étranger."Vengeance, vengeance, nous voulons la vengeance", ont scandé des centaines de personnes à Kout, à 175 km au sud de Bagdad, pour exprimer leur colère après l'attaque d'un de leur lieu sacré à Samarra, à 125 km au nord de Bagdad. Les manifestants, qui répondaient à l'appel du mouvement du chef radical chiite Moktada Al-Sadr, brandissaient des étendards verts et noirs. La manifestation était conduite par des cheikhs, coiffés de turban et réunis derrière une banderole proclamant : "Nous condamnons l'acte ignoble et lâche des agents wahabites contre la famille du prophète".A Kirkouk, des centaines de chiites arabes et turcomans sont descendus dans la rue en criant "Non à l'Amérique, non au wahabisme [courant sunnite fondamentaliste], non aux takfiris [extrémistes sunnites qui excommunient les autres musulmans]". La manifestation s'est également transformée en une condamnation de l'ambassadeur américain en Irak, Zalmay Khalilzad, dont la foule a demandé le départ. "C'est lui la cause, il a permis par son attitude que des attaques soient commises contre la famille du prophète", lisait-on sur une banderole.80 CORPS À BAGDADA Bassora, des détenus arabes, accusés de terrorisme, ont été les victimes de cette vindicte : des hommes armés ont attaqué la prison de Mina et enlevé onze détenus égyptiens et saoudiens. Dix ont été exécutés et le onzième blessé, selon la police. Au moins 80 corps tués par balle sont arrivés à la morgue de Bagdad depuis mercredi après-midi, a indiqué jeudi matin le directeur-adjoint de l'établissement, le docteur Qaïs Mohammad. "Nous avons reçu depuis hier après-midi 80 corps, tous tués par balle. C'est le double de ce que nous recevons quotidiennement", a déclaré le médecin.Mercredi, trois imams sunnites et trois fidèles ont été tués par balles dans des exactions visant la communauté sunnite dans la région de Bagdad. Une trentaine de mosquées ont été attaquées à l'arme automatique dont une incendiée.TROIS JOURNALISTES TUÉSLa chaîne qatarie Al-Arabiya a annoncé pour sa part que trois de ses journalistes avaient été tués à Samarra. La chaîne avait perdu tout contact mercredi soir avec Atouar Bahjat, un citoyen irakien, et trois membres de son équipe, tombés dans une embuscade après leur départ de la ville de Samarra, a rapporté un employé de la chane, Nakhle al Hadj. L'un des techniciens a réussi à prendre la fuite durant l'attaque et a prévenu la police. "Les policiers ont ensuite retrouvé leurs corps, qui se trouvent maintenant à l'hôpital de Samarra," a-t-il ajouté.Les deux autres tués sont un caméraman, Adnan Abdullah, et un preneur de son, Khaled Mohsen, qui travaillaient pour une société de production irakienne.Après la colère suscitée chez les chiites par l'attentat – non meurtrier mais symbolique – contre la Mosquée d'or, le président irakien Jalal Talabani a convoqué les dirigeants de toutes les communautés à un sommet jeudi matin.Il a accusé les poseurs de bombe de tenter de faire échouer les discussions sur un gouvernement d'union nationale. "Nous avons affaire à une grande conspiration contre l'Irak, contre son unité", a-t-il déclaré à la télévision. "Nous devons oeuvrer ensemble contre ce danger, le danger de guerre civile".
