Mort de Maguy Andral

Mort Maguy Andral, pionnière de l'ethnographie musicale L'ethnomusicologue Marie-Marguerite Pichonnet-Andral est morte mercredi 22 décembre 2004, à l'âge de 82 ans. Née à Montluçon le 27 mai 1922 d'une mère musicienne, pianiste et cantatrice, dont elle gardera le nom de scène (Andral), et d'un père imprimeur d'art, Maguy Andral a fait l'essentiel de ses études musicales au CNSM de Paris (classes d'analyse, d'esthétique et d'histoire de la musique ; 1er prix d'histoire de la musique) et rejoindra la jeune équipe du Musée des arts et traditions populaires (ATP) au palais de Chaillot dès 1945. Effacée mais rigoureuse, dotée d'une oreille et d'une mémoire musicale remarquables, Maguy Andral sera de l'aventure fondatrice de cette ethnographie musicale qui parcourra l'Hexagone durant deux ou trois décennies, aux côtés de Claudie Marcel-Dubois (1913-1989) - elle-même initiatrice de ce secteur musicographique à la fin des années 1930, avec Georges-Henri Rivière. On doit à celle qui fut élève et amie du musicologue roumain Constantin Brailoiu (1893-1958) lorsqu'il était fixé à Paris à la fin des années 1940, non seulement l'introduction des méthodes de ce dernier sur un secteur musical alors quelque peu sinistré en France (lire par exemple Les Mélodies traditionnelles françaises de structure archaïque, 1961), mais l'essentiel des protocoles de collecte en ce domaine diffusés par le Musée ATP. D'abord "petite main" sûre, précise et savante de la transcription musicale dans ces premières années (elle deviendra coauteur de la plupart des monographies musicales qui constitueront la base méthodologique de cette ethnomusicologie muséale qui s'imposera institutionnellement sur le terrain français), Maguy Andral n'écrira point d'ouvrages certes, mais nombre d'articles techniques, cosignés ou non, offrant des moissons de descriptions, notations et analyses musicales. Les générations d'ethnomusicologues des années 1960 et 1970 qui fréquentèrent les départements d'ethnomusicologie de nos musées d'ethnographie y ont reçu ses leçons, et connaissent les modèles que furent, parmi bien d'autres publiés, le grand récit funéraire des Grâces de l'Ile de Batz (1954) ou le volume de l'Aubrac Musique et phénomènes paramusicaux (1963). Discrète - trop effacée, pour certains - mais d'autant efficace, Maguy Andral fut également de bien des combats du Musée ATP auprès des administrations de tutelle, le CNRS en particulier. A l'heure où ce musée va fermer ses portes, c'est l'un des ultimes témoins, et non des moindres, de la période de l'immédiat après-guerre de cette institution qui disparaît.