Visite M. Sharon veut ouvrir un nouveau chapitre de "confiance" avec Paris Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, va être reçu, mercredi 27 juillet, par Jacques Chirac au palais de l'Elysée, à Paris. La présidence présente cette rencontre comme une occasion à saisir pour un nouveau rapprochement. Le ton chaleureux affiché de part et d'autres avec l'arrivée, mardi soir, à Paris, de M. Sharon pour une visite de trois jours, la seconde en France depuis juillet 2001, n'est pas sans évoquer la "lune de miel" qui caractérisait les relations entre les deux pays avant la guerre israélo-arabe de juin 1967 et l'embargo français sur les ventes d'armes à Israël. Les temps forts de cette visite seront, mercredi, à 12 h 30, un entretien et un déjeuner avec le président français à l'Elysée, puis un entretien et un dîner avec Dominique de Villepin à Matignon à partir de 20 h 15. "En accueillant à Paris le premier ministre, c'est un message de confiance que la France adresse à son ami : la conviction que la paix est possible, la volonté d'y contribuer, l'ambition d'être, pour Israël, un partenaire politique, économique, culturel d'exception", soulignait Jacques Chirac dans une interview publiée vendredi 22 juillet, dans le quotidien israélien Haaretz. Le ton est également conciliant côté israélien, où l'on estime que"les deux pays veulent tourner la page". "La situation ayant changé au Moyen-Orient, une nouvelle atmosphère s'est fait jour entre les deux parties, avec la volonté de renforcer et d'améliorer leurs relations", a déclaré à Reuters un proche d'Ariel Sharon. PARIS INSISTERA SUR "L'APRÈS-GAZA" Les Israéliens évoquent pour leur part l'implication résolue de la France dans la mise en œuvre de la résolution 1559 prônant le retrait complet des forces syriennes du Liban, ses efforts aux côtés de l'Allemagne et du Royaume-Uni pour écarter la menace nucléaire iranienne, son action "exemplaire" contre l'antisémitisme, pour reprendre les propos d'Ariel Sharon dans Le Monde de mardi. Les relations entre Jacques Chirac et Ariel Sharon s'étaient brusquement tendues en juillet 2004 après que le premier ministre israélien eut exhorté les juifs de France à émigrer sans attendre en Israël pour fuir un antisémitisme "sauvage". Par-delà les malentendus, la réalité est celle d'une "relation forte", affirme Jacques Chirac dans Haaretz. C'est la "force", la "sérénité" nouvelle de cette relation qui conduisent Paris à appuyer le désengagement israélien de Gaza, une initiative jugée "courageuse". Ariel Sharon a fixé au 17 août le début de l'évacuation de 21 colonies juives de la bande de Gaza et de quatre des 120 implantations de Cisjordanie, malgré la résistance farouche des ultranationalistes juifs. Pour Jacques Chirac, le désengagement de Gaza "crée une dynamique positive" en vue de l'application de la "feuille de route". "Nous ne devons pas laisser se refermer la 'fenêtre d'opportunité'", juge-t-il. La France se dit ainsi disposée à contribuer à la sécurité et à la reconstruction de la bande de Gaza, avec l'envoi éventuel de policiers sur place, mais elle attend du gouvernement israélien des perspectives sur "l'après-Gaza"."Il est essentiel que les Palestiniens aient un horizon avec une lumière au bout. 'L'après', pour nous, c'est une conférence internationale sur la base de la 'feuille de route', indique-t-on de source diplomatique française. Nous ne voudrions pas qu'après Gaza, on entre dans une période de pause indéfinie." Une position relayée par le ministre des affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, qui a jugé mardi que le retrait israélien de Gaza ne devait pas détourner l'attention des difficultés en Cisjordanie, où l'effort israélien, a-t-il souligné, devra être poursuivi, soulignant pour les Palestiniens la nécessité d'"avoir les moyens de leur sécurité" après le retrait israélien.