Annonce M. de Villepin détaille son "plan d'urgence pour l'emploi", moins innovant qu'escomptéDominique de Villepin, qui présentait, mercredi 8 juin, son "plan d'urgence pour l'emploi", a affirmé sa détermination à "remettre la France en marche", et sa "volonté" de réagir à la crise de confiance exprimée le 29 mai dans les urnes. Huit jours après son arrivée à Matignon, le premier ministre a, pour son baptême du feu devant les députés, prononcé une déclaration de politique générale volontariste et concrète, loin de ses habituels accents lyriques. ORDONNANCES PLUTÔT QUE PROJETS DE LOI Très attendu sur ses choix économiques et sociaux, il a pris soin de doser les annonces sociales et libérales, se refusant à tout "dogmatisme", ménageant ainsi les deux pôles de sa majorité. "Dans une démocratie moderne, le débat n'est pas entre le libéral et le social, il est en vérité entre l'immobilisme et l'action. Je choisis résolument le parti de l'action", a martelé le chef du gouvernement. Pendant 53 minutes, M. de Villepin s'est attaché à montrer qu'il avait pris la pleine mesure des "souffrances, impatiences et colères" exprimées par les Français lors du référendum sur la Constitution européenne. Soulignant "l'urgence" et la "gravité" de la situation, le premier ministre, conscient de ne pas bénéficier d'un "état de grâce" comme le montrent les sondages, a décidé d'aller vite, au risque de se voir accuser par la gauche de passer en force, en procédant par ordonnances dans le domaine social. Les premières sont prévues d'ici à septembre, a annoncé, jeudi matin, Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement. La gauche est rapidement montée au créneau pour dénoncer ce passage en force, qui rappelle la période gaullienne. Le chef du gouvernement s'est toutefois gardé de réaffirmer son objectif, annoncé mais risqué, de regagner la confiance des Français en cent jours. Récusant toute opposition "d'une France contre une autre", il n'en a pas moins dressé un tableau assez sombre d'un pays gouverné pendant trois ans par Jean-Pierre Raffarin et présidé par Jacques Chirac depuis 1995, à l'issue d'une campagne dénonçant la fracture sociale. "La vérité, c'est que nous sommes confrontés à une situation difficile. (...) le chômage a atteint un niveau inacceptable (...) l'égalité des chances ne vit pas suffisamment dans notre pays (...) alors que le monde connaît des changements sans précédent, l'Europe se divise et la France tarde à s'adapter", a déploré M. de Villepin. CONTRAT ASSOUPLI POUR LES TPE Le premier ministre a fait de l'emploi la mère de toutes les batailles, en s'appuyant largement sur les effets escomptés des mesures du ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo. Se gardant de vouloir remettre en cause le code du travail, comme le réclame l'aile libérale de la majorité et le patronat, il a annoncé la création d'un nouveau contrat d'embauche, beaucoup plus souple, pour les très petites entreprises, avec une période d'essai de deux ans. Une mesure aussitôt décriée par la gauche et les syndicats. En contrepartie, il a promis que le salarié aura la "garantie" d'un "complément d'allocations chômage". Il a aussi annoncé de nouveaux allègements de charges sociales pour les PME, ainsi qu'une prime de 1 000 euros pour les chômeurs de longue durée bénéficiaires de minima sociaux qui reprennent une activité. Maniant la carotte et le bâton, M. de Villepin a promis de sanctionner les chômeurs qui refuseraient "plusieurs offres d'emplois raisonnables" et invité l'ANPE à proposer sans tarder "une solution" aux 57 000 jeunes au chômage depuis plus d'un an.DOUTES SUR LES DÉFICITS PUBLICS Dans la droite ligne de son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin, le premier ministre a, dans un signal adressé également à Bruxelles, promis de s'en tenir à l'orthodoxie budgétaire prônée par les libéraux, toute autre voie étant à ses yeux "aventureuse". Pour financer son plan emploi, dont il estime la coût à 4,5 milliards d'euros de plus en 2006, il a annoncé l'arrêt des baisses d'impôts, enterrant ainsi l'engagement électoral de Jacques Chirac de baisser l'impôt sur le revenu d'un tiers. Il a aussi décidé d'ouvrir le capital de GDF, après que l'Etat a cédé, lundi, 6,2 % du capital de France Télécom, ce qui a rapporté à l'Etat 3,4 milliards d'euros. Mais les économistes doutaient, mercredi soir, de la capacité du gouvernement à financer ce plan sans accroître les déficits publics, d'autant qu'ils prévoient une croissance d'environ 1,5 % du PIB français en 2005, alors que le budget a été bâti sur une hypothèse de croissance de 2,5 %. Sans surprise, il a obtenu la confiance de l'Assemblée, l'UMP y bénéficiant d'une majorité pléthorique. Bravant les consignes d'abstention de François Bayrou, 9 députés UDF sur 31 ont voté en faveur du gouvernemen
