Diffusion M. de Villepin défend son action et se place en alternative à M. SarkozyLe premier ministre, Dominique de Villepin, a vigoureusement défendu son action pour l'emploi, jeudi 6 octobre, dans une émission télévisée marathon, rejetant toute "rupture" qui conduirait à "opposer une France à une autre"."Ma priorité, c'est l'emploi, mon cap, c'est la croissance sociale", a martelé le premier ministre, fidèle à son credo depuis son arrivée à Matignon le 31 mai. Il inaugurait l'émission politique de France 2 "A vous de juger", qui, durant plus de deux heures, a mêlé questions de téléspectateurs, reportages sur la vie du premier ministre et débat avec François Hollande, qui a dénoncé le "verbalisme" du premier ministre et l'a mis au défi d'ouvrir des négociations sur les salaires. Le premier ministre "favorable à l'entrée de la Turquie"Pressé de préciser sa position sur l'adhésion de la Turquie à l'UE, M. de Villepin a déclaré : "je suis favorable à l'adhésion, et dès lors que la Turquie manifestera tout au long du processus sa volonté, que l'Europe aura les moyens le moment venu d'absorber parmi ses Etats-membres la Turquie"."Que sera l'Europe dans dix ou quinze ans, nous aurons l'occasion d'en reparler, il y a deux aspects importants, il y a la politique européenne et il y a la géopolitique", a-t-il ajouté>"Je suis pour l'ouverture des discussions avec la Turquie. Savoir où cela nous mènera, dans dix ou quinze ans, nous le verrons", avait auparavant affirmé le premier ministre."Il y avait deux écueils à éviter à l'occasion de ce débat sur la Turquie.Le premier, c'était de nouvelles divisions européennes (...) La deuxième exigence, c'est qu'il ne fallait pas, et ça c'est l'intérêt géostratégique de toute l'Europe, claquer la porte de l'Europe au nez de la Turquie qui attend depuis de nombreuses années", a-t-il ajouté.Il a aussi rappelé l'engagement du président Jacques Chirac à ce qu'il y ait "au bout du chemin","un référendum des Français qui choisiront".(AFP)[-] fermerAlors que le dossier SNCM est dans l'impasse et que la compagnie maritime est menacée par le dépôt de bilan, M. de Villepin a joué la carte de la fermeté pour son premier "prime time" en excluant toute solution alternative au plan de privatisation proposé par le gouvernement. "Nous sommes à l'heure des responsabilités", a-t-il de nouveau lancé, en soulignant que le projet permettait d'éviter "tout licenciement sec".Au surlendemain de la journée d'action syndicale, qui a mobilisé entre 500 000 et plus d'un million de personnes à travers la France, le chef du gouvernement a affirmé qu'il "comprenait" les "inquiétudes et même la colère" exprimées. En réponse, il a proposé aux syndicats des discussions "franches", "dans les toutes prochaines semaines", avec trois dossiers sur la table : "sécuriser les parcours professionnels" en développant davantage les crédits formation et la validation des acquis de l'expérience, "réduire les inégalités" touchant d'abord les jeunes, les seniors et les femmes, et "mieux récompenser le travail".FACE À NICOLAS SARKOZYTout en s'opposant radicalement au concept de "rupture" défendu par le président de l'UMP, il a assuré dire "la même chose" que le ministre de l'intérieur, un ministre "bon et loyal". "Rupture avec quoi ? (...) La vraie rupture, nous l'avons engagée, c'est celle contre cette malédiction, ce fléau du chômage", a-t-il souligné. Dominique de Villepin a affirmé qu'on pouvait "difficilement déclarer sa candidature à l'Elysée et rester dans un gouvernement qui s'est fixé pour mission, jusqu'au dernier jour, de servir les Français". "Nicolas Sarkozy a choisi d'entrer dans ce gouvernement et il y a toute sa place", a-t-il ajouté. Se gardant bien d'évoquer ses propres ambitions présidentielles, M. de Villepin a affirmé avoir "changé" et s'être "allégé de beaucoup d'ambitions inutiles et de susceptibilités qui font qu'on a des réactions parfois puériles". Il a assuré n'être concentré que sur son "action" à la tête du gouvernement jusqu'aux échéances de 2007. Le chef du gouvernement s'est également prévalu d'une relation faite de "beaucoup d'affection et de fidélité" avec le président Jacques Chirac. "Je ne l'ai, dans le fond, jamais quitté", a-t-il lancé, comme pour se démarquer une nouvelle fois de M. Sarkozy, passé dans le camp d'Edouard Balladur en 1994.RÉACTIONS MITIGÉESLa gauche et les syndicats ont vivement réagi aux propos du premier ministre, l'accusant de ne pas répondre aux attentes des grévistes du 4 octobre. Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, a trouvé que le premier ministre, Dominique de Villepin, avait montré "beaucoup de dynamisme réthorique", mais a jugé son "message creux", sans "rapport concret avec les demandes exprimées" lors de la journée d'action syndicale du 4 octobre. Pour le secrétaire général de la CGC, Jean-Louis Walter, "il n'y a rien de neuf à l'horizon", dans les annonces de M. de Villepin. Il dénonce lui aussi "des discours très théoriques" mais "rien de concret". La CFTC a souligné "l'effort d'écoute" du premier ministre, mais souhaite voir si "les actes suivent". Le Parti communiste s'est lui aussi montré très critique : "Malgré les grandes déclarations de Dominique de Villepin visant à proclamer sa 'mobilisation' et sa 'détermination', il n'a absolument pas répondu aux souffrances des Français concernant l'emploi ou le pouvoir d'achat." "Le décalage entre Dominique de Villepin et les Français est total", a ajouté le PCF.Le président de l'UDF, François Bayrou, a jugé le premier ministre "très loin des réalités" . "Des mots, toujours des mots. Il est très loin des réalités. Rien qui ne traduise vraiment ce que les gens vivent", explique M. Bayrou dans une interview au Parisien. "Sa prestation m'a rappelé la chanson de Dalida 'Paroles, paroles'", a-t-il ironisé.Sans surprise, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a salué la volonté et la détermination du premier ministre à tout faire pour gagner la bataille de l'emploi, première de nos préoccupations". "Les propositions de Dominique de Villepin, que ce soit pour la sécurisation des parcours professionnels, pour la réduction des inégalités ou pour récompenser les fruits du travail sont une réponse audacieuse et volontaire pour permettre à chacun d'avoir toute sa place dans notre société", a-t-il ajouté.
