Procès Lynndie England reconnue coupable des sévices à Abou Ghraib La soldate américaine Lynndie England, 22 ans, au centre du scandale de la prison irakienne d'Abou Ghraib en 2003, a été reconnue coupable, lundi 26 septembre, de six chefs d'accusation sur sept pour mauvais traitements sur des Irakiens par la cour martiale de Fort Hood (Texas). Si aucune date n'a encore été annoncée pour la sentence, Lynndie England encourt jusqu'à dix ans de prison. Intensification des violences à l'approche du référendum Huit personnes ont été tuées et 10 blessées, mardi 27 septembre, dans un attentat à l'engin piégé contre un centre de recrutement des commandos de la police à Bakouba, au nord de Bagdad. La veille, sur le terrain, sept Irakiens, dont deux policiers, ont été tués et 27 blessés dans un attentat-suicide à la voiture piégée contre un bus transportant des employés du ministère du pétrole à Bagdad. Les chiites ont une nouvelle fois été visés avec l'assassinat de cinq instituteurs et d'un chauffeur, exécutés dans l'école d'un village près d'Iskandariya, à 60 km au sud de Bagdad, par dix hommes armés et masqués. Trois soldats américains ont également été tués dans l'explosion de deux engins piégés à Bagdad et au sud-est de la capitale. A Bagdad toujours, un ex-commandant de l'armée, travaillant comme chauffeur de taxi, a été abattu par des hommes armés, alors que trois soldats ont été tués et trois autres blessés dans l'attaque d'un point de contrôle plus au nord, à Bakouba. Les enlèvements, une véritable industrie, se sont poursuivis avec celui d'un ingénieur égyptien travaillant pour le compte de la compagnie de télécommunications Iraqna dans l'ouest de Bagdad. Enfin, la famille d'un otage jordanien a affirmé, à Amman, que Khaled Dassouki, un chauffeur kidnappé il y a plusieurs jours, avait été torturé et exécuté par des membres présumés du groupe de l'islamiste jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef d'Al-Qaida en Irak. Son corps a été retrouvé dans une région désertique, à quelque 70 km de la frontière jordanienne. [-] fermer 507 détenus d'Abou Ghraib libérés La jeune femme a été reconnue coupable de quatre chefs d'accusation pour cruauté et mauvais traitements et d'un chef d'accusation pour avoir commis un acte indécent. Le jury militaire l'a également reconnue coupable de complot avec quatre autres soldats pour sévices sur des prisonniers, qui avaient été déshabillés et obligés à former une pyramide humaine. Le jury a cependant estimé qu'elle n'était pas coupable de complot pour sévices dans le cas d'un prisonnier tenu en laisse. Lynndie England est restée silencieuse lors du verdict. La défense a souligné que la "personnalité servile" de l'accusée l'avait conduite à suivre les instructions de Charles Graner – à l'époque son amant et le père de son enfant –, qui purge actuellement une peine de dix ans de prison pour les mêmes faits. L'accusation a au contraire assuré que la jeune femme s'était amusée en écrasant les doigts de pieds des prisonniers nus, contraints de former une pyramide, et en posant pour les photos en désignant les parties génitales des détenus encagoulés. Elle a aussi soutenu que les soldats américains sont suffisamment entraînés pour savoir que les abus physiques et mentaux sur les prisonniers étaient interdits par la loi. NEUVIÈME SOLDAT INCULPÉ Lynndie England est le neuvième et dernier soldat inculpé dans le scandale d'Abou Ghraib. Les peines des huits autres soldats étaient allées de la radiation de l'armée à dix ans de prison. Aucun officier n'a cependant été jugé, même si l'ancien commandant de la prison, le général Janis Kerpinski, et le colonel Thomas Pappas ont été sanctionnés dans le cadre de procédures extrajudiciaires. La décision de la cour martiale de Fort Hood intervient alors que l'armée américaine a été accusée à nouveau de mauvais traitements en Irak dans un rapport de Human Rights Watch, publié samedi, et basé sur des témoignages de militaires. Dans ce rapport intitulé"Manquement du commandement : témoignages directs de torture de détenus irakiens par la 82 e division aéroportée", deux sergents et un capitaine racontent les brimades quotidiennes et les coups portés aux prisonniers de la base Mercury, près de Fallouja. L'armée de terre américaine a par ailleurs déjà mené des enquêtes sur 400 allégations de sévices contre des prisonniers, qui ont abouti à des mesures prises contre 230 militaires, selon un porte-parole de l'armée de terre, Paul Boyce. En mai, le président de la cour martiale avait suspendu son premier procès pour vice de procédure après le témoignage de Charles Graner, qui avait contredit l'aveu de culpabilité de Lynndie England en laissant entendre qu'il avait donné l'ordre à la jeune femme de tenir un détenu en laisse.