Annonce L'UE tente d'arracher un compromis de dernière minute sur la Turquie La réunion extraordinaire des Vingt-Cinq, dimanche 2 octobre, n'a pas suffi. Les discussions tardives n'ont pas permis de s'entendre sur le cadre des négociations d'adhésion avec la Turquie, l'Autriche continuant de plaider pour la possibilité d'un "partenariat privilégié" si l'adhésion n'aboutissait pas. Lesministres des affaires étrangères de l'Union, réunis à Luxembourg, devaient reprendre leurs travaux lundi à 9 h 30, afin d'arracher un compromis et de pouvoir ouvrir, comme prévu de longue date à la date du 3 octobre, les pourparlers avec la Turquie. Fervent partisan de l'intégration d'Ankara, le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, dont le pays  préside l'UE a déclaré lundi qu'il n'était "pas certain d'arracher un accord" mais veut tout tenter pour obtenir le feu vert des 25."C'est une situation frustrante, mais j'espère et je prie pour que nous soyons capables de parvenir à un accord", a-t-il déclaré durant la nuite, avant de reprendre des consultations bilatérales avec son homologue autrichienne, Ursula Plassnik. "Nous avons fait des progrès sur les textes, mais de toute évidence pas assez", a constaté le secrétaire au Foreign Office. Il n'a pas exclu que la cérémonie officielle d'ouverture des négociations avec Ankara, prévue en fin d'après-midi lundi, soit retardée de quelques heures. VIENNE POUR UNE "ALTERNATIVE" Un échec des Vingt-Cinq à s'entendre dans les temps risquerait d'enfoncer un peu plus l'UE dans la crise ouverte par le double non, français et néerlandais, lors des référendums sur la Constitution européenne. Leur désaccord menacerait aussi de renforcer les tensions avec le gouvernement turc, impatient du verdict. Pour tenir le rendez-vous, les Européens doivent impérativement s'entendre à l'unanimité sur le document-cadre fixant les principes directeurs des futures discussions, ainsi que sur le discours que M. Straw tiendra à cette occasion en leur nom. Le projet de cadre accepté par les 24 autres Européens pour les pourparlers avec Ankara affirme que "l'objectif commun des négociations est l'adhésion", dans un processus ouvert et sans garantie. Il ajoute qu'en cas d'échec, la Turquie devra être ancrée dans l'UE "par les liens les plus forts". L'Autriche nie vouloir entraver le début des pourparlers. "Nous sommes pour... Cela n'est absolument pas en cause", a défendu Mme Plassnik. Elle a néanmoins maintenu sa revendication de voir évoquer dans le cadre de négociation une "alternative" à l'intégration. "Nous avons besoin d'un texte un peu amélioré", a-t-elle ajouté, tout en laissant percer quelques signanux positifs, ce qui a fait dire à Olli Rehn, le commissaire européen chargé de l'élargissement, qu'il restait optimiste quant à l'issue des discussions, lundi. "NOUS PERDONS NOTRE CRÉDIBILITÉ" Plusieurs ministres ont fustigé dimanche soir l'attitude de Vienne, qui remet en cause un compromis difficilement trouvé en décembre 2004 par les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Cinq, M. Schüssel compris. "L'Autriche manque de bonne foi", a dénoncé le Polonais Adam Rotfeld. Le Portugais Diogo Freitas do Amaral a jugé "impossible qu'à chaque fois que [les Européens] doivent prendre une décision, un ou quelques pays se rappellent à la dernière minute qu'il a des objections très importantes". "Ce n'est pas sérieux. Nous perdons notre crédibilité, entre nous et face aux pays tiers", a-t-il estimé. Au sortir dans la nuit d'une énième discussion en tête à tête avec Jack Straw, Mme Plassnik a dénoncé en retour la stratégie de la présidence britannique. "C'est une situation très difficile. L'isolement et la pression, ça ne marchera jamais en politique, cela ne marchera pas au sein de l'Union européenne", a-t-elle affirmé. "Nos nerfs sont extrêmement tendus", a expliqué un responsable turc dans les couloirs à Luxembourg. "Chaque minute qui passe accroït l'amertume à Ankara. Ce ne sera pas facile d'entrer en négociation avec toutes ces blessures." La nouvelle réunion sur la Turquie a obligé les Vingt-Cinq à décaller leur réunion de lundi destinée à évaluer les progrès de la Croatie dans sa coopération avec le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, en présence du procureur Carla Del Ponte. L'ouverture des négociations d'adhésion de ce pays avec l'UE avait été reportée sine die en mars,  faute de collaboration satisfaisante avec les magistrats de La Haye. Or l'Autriche, principale avocate des Croates au sein des Vingt-Cinq, aimerait lier leur cause au dossier turc.