Annonce Lucio Gutierrez, président destitué, a quitté Quito pour un asile brésilienLucio Gutierrez, destitué de la présidence de l'Equateur mercredi, a finalement quitté son pays dimanche à l'aube, à destination du Brésil, qui lui a accordé l'asile politique pour permettre un dénouement en douceur de la crise politique équatorienne.Un avion de l'armée de l'air brésilienne avec l'ex-président à son bord a décollé à 5 h 50, heire locale, de l'aéroport de Latacunga, au sud de Quito. Le président déchu, âgé de 48 ans, était sorti deux heures plus tôt par l'arrière de la résidence de l'ambassadeur brésilien, Sergio Florencio, où il était réfugié depuis son limogeage par le Parlement. DIVERSION C'est à bord d'une camionnette, le visage dissimulé par un passe-montagne, protégé d'un casque et accompagné de quatre policiers du Groupe des opérations spéciales que le président déchu a été évacué. Pour faire diversion, une voiture à plaque diplomatique avait été stationnée à l'avant de la résidence et des policiers l'avaient entourée comme pour empêcher des journalistes de s'en approcher. Depuis mercredi soir, des dizaines de manifestants se relayaient nuit et jour devant le bâtiment, exigeant des sanctions contre M. Gutierrez. Certains s'en étaient pris vendredi à la voiture de l'ambassadeur brésilien, donnant de grands coups de poing sur le véhicule et obligeant le diplomate à retourner dans la résidence. Brasilia avait demandé samedi un renforcement de la sécurité et une cinquantaine de policiers anti-émeute avaient été déployés. Le ministre de l'intérieur équatorien, Mauricio Gandara, a expliqué que c'est "par mesure de sécurité" que le sauf-conduit a été délivré dans le plus grand secret à M. Gutierrez et qu'il est sorti en pleine nuit de l'ambassade. L'appareil est arrivé quelques heures plus tard au Brésil. Il a fait une escale dans l'Etat d'Acre pour se ravitailler en carburant avant de poursuivre sa route vers la capitale, Brasilia, où il devait arriver dans l'après-midi. Une source du ministère des affaires étrangères brésilien a indiqué ne pas pouvoir confirmer si l'ex-président voyage avec son épouse et ses deux filles. L'ancien président sera hébergé dans la capitale brésilienne dans une résidence de l'armée.Le Brésil a expliqué agir non par sympathie pour M. Gutierrez ou pour marquer une préférence mais par tradition et en accord avec les traités internationaux et afin de faciliter une résolution de la crise. DÉSTITUTION "INCONSTITUTIONNELLE"M. Gutierrez avait été destitué mercredi lors d'un vote du parlement qui l'a remplacé par son vice-président Alfredo Palacio, un cardiologue de 66 ans. Celui-ci devrait mener à terme le mandat présidentiel qui court jusqu'au 15 janvier 2007, comme le prévoit la constitution. Ce nouvel exécutif n'a cependant reçu aucune reconnaissance extérieure et l'Organisation des Etats américains (OEA) a annoncé l'envoi d'une mission pour vérifier les conditions de la destitution.Lucio Gutierrez l'a qualifiée "d'inconstitutionnelle", affirmant qu'il y aurait dû y avoir au préalable un jugement politique. Elu fin 2002 pour un mandat ayant débuté en 2003, M. Gutierrez avait déclenché une crise politique en décembre dernier en réformant la Cour suprême de justice, où il était accusé d'avoir placé ses hommes. Début avril, cette Cour a annulé des procédures à l'encontre d'anciens présidents dont M. Bucaram, accusé de corruption, qui en a profité pour revenir de son exil au Panama. L'opposition a ensuite organisé des manifestations de plus en plus suivies, notamment à Quito. Une grande marche de 30 à 50 000 personnes dans la nuit de mardi à mercredi, durement réprimée par la police, causant deux morts, a précipité la chute de M. Gutierrez, abandonné par l'armée.Il est le troisième président de l'Equateur en huit ans à ne pas terminer son mandat : Abdala Bucaram et Jamil Mahuad, avaient été respectivement renversés en 1997 et 2000, par des rébellions populaires.
