Changement Louis Gallois remplace Christian Streiff à la tête d'Airbus Pour la deuxième fois en trois mois, Airbus a changé, lundi 9 octobre, de président : après le tollé provoqué par son plan de réorganisation auprès des actionnaires allemands de l'avionneur, le PDG d'Airbus, Christian Streiff, a démissionné. Il est immédiatement remplacé par Louis Gallois, qui conserve ses fonctions de coprésident exécutif de la maison mère EADS. Christian Streiff persiste contre la "double commande à la tête d'Airbus" "Ce n'est pas un problème d'hommes [...] mais un problème de structure, de doublons, du fait de la position particulière des coprésidents qui détiennent le pouvoir hiérarchique sur les filiales. Ce qui instaure de facto une double commande à la tête d'Airbus", critique Christian Streiff, le PDG démissionnaire d'Airbus, dans un entretien à paraître mardi dans Le Figaro. "En d'autres termes, il faut remettre Airbus aux commandes de son propre avion et non pas le piloter via EADS", déclare encore Christian Streiff, pointant le fuselage, fait à Hambourg, comme "le maillon faible" de la chaîne de production. - (Avec AFP) [ "La nouvelle structure de direction permettra une gouvernance plus simple et plus efficace", a fait valoir EADS, soulignant que M. Gallois travaillerait au côté de son homologue allemand Tom Enders, auquel "rendront compte les directeurs de divisions hors Airbus". Le conseil d'administration d'EADS réaffirme par ailleurs "son soutien unanime au plan 'Power8'" de redressement d'Airbus, présenté par M. Streiff et avalisé le 3 octobre, après l'annonce de nouveaux retards du programme d'avion géant A380. Le ministre de l'économie, Thierry Breton, qui avait soutenu Christian Streiff, a pris acte de la nomination de Louis Gallois. "Le gouvernement estime que c'est une bonne chose d'avoir une seule ligne de management, ce qui sera le cas entre EADS et Airbus pour cette entreprise, et par ailleurs souhaite que, ce faisant, le plan qui a été proposé par Airbus et accepté par le conseil d'EADS en ce qui concerne les différents éléments à mettre en œuvre sans tarder pour combler notamment les retards constatés sur le programme de l'A380 soit mis en œuvre sans délai par le nouveau président d'Airbus", a-t-il ajouté. "UNE AFFAIRE POLITIQUE" Nommé en juillet dans la foulée de l'annonce du deuxième retard de l'A380 en juin, Christian Streiff a présenté la semaine dernière un plan d'économies drastique, ajoutant que des suppressions d'emplois étaient "inévitables" et que l'avion serait finalement livré avec deux ans de retard par rapport aux prévisions initiales. Il aurait mis en jeu sa démission pour obtenir l'aval de ses actionnaires. Berlin aurait accueilli très fraîchement les projets de Christian Streiff et s'est irrité de nouveaux sous-entendus montrant du doigt l'usine Airbus de Hambourg comme responsable des problèmes de câblage à l'origine de retards de production de l'A380. Avec dix centres de production sur les seize que compte Airbus en Europe, l'Allemagne est en effet en première ligne dans le plan de réorganisation industrielle d'Airbus. De son côté, Paris tente de préserver l'emploi sur le site de production de Toulouse. "Toute cette affaire est devenue politique beaucoup trop tôt", a résumé une source industrielle. La question de l'avenir du projet d'avion A350, fondamental selon Christian Streiff et incertain selon les actionnaires d'EADS, sera l'un des dossiers chauds que devra traiter Louis Gallois. Ce haut fonctionnaire avait déjà dirigé Aérospatiale, qui était l'essentiel de la partie française d'EADS, entre 1992 et 1996. Il devrait être épaulé par un directeur général exécutif qui sera nommé dans les semaines qui viennent.