Ouverture L'Otan vers un consensus minimal sur l'Irak Le sommet de l'Alliance atlantique qui s'ouvre ce matin à Istanbul devrait entériner le principe d'une aide limitée à l'Irak pour entraîner ses forces armées. La déclaration préparée pour le sommet, volontairement vague, permet de satisfaire partisans et opposants d'un rôle moteur de l'Otan dans ce pays. L'administration Bush s'est félicité dimanche de l'unité dont devrait faire preuve l'Otan pour l'Irak lors de son sommet d'Istanbul, qui marquera définitivement, selon elle, la fin des divisions créées par l'invasion de ce pays en mars 2003. Lors de ce sommet, l'Otan devrait entériner une décision de son Conseil permanent (ambassadeurs) d'accorder une aide à l'Irak, à sa demande, en matière d'entraînement des forces de sécurité irakiennes.Loin d'un engagement à fournir des troupes pour contribuer à la sécurité dans ce pays, que réclamait encore très récemment le président George W. Bush, la nouvelle contribution de l'Alliance, qui assure déjà le soutien logistique d'une division multinationale dirigée par la Pologne, restera très limitée. Le texte indique que l'Otan "encourage" chaque membre à contribuer à titre individuel à cette formation et renvoie les modalités pratiques de la décision aux ambassadeurs de l'organisation à Bruxelles.Où seront formées les forces irakiennes ?La formulation volontairement vague de la déclaration permet aux dirigeants de l'Otan de présenter un consensus minimal sur le dossier irakien, sur lequel ils restent divisés. Elle a été longuement travaillée par les diplomates pour qu'elle soit acceptable à la fois par les Etats-Unis et leurs alliés en Irak et par la France et l'Allemagne qui refusent d'engager des soldats sur le terrain. Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a ainsi estimé que la formation par l'Otan des forces de sécurité de son pays devait avoir lieu en Irak tandis que, selon des sources françaises, Paris va insister pour que la formation par les pays membres de l'Otan s'effectue en dehors de l'Irak et non à l'intérieur du pays.La conseillère du président George W. Bush pour la sécurité nationale Condoleezza Rice a déjà reconnu que l'entraînement des forces irakiennes par l'Otan serait en réalité assuré par des pays membres plutôt que par l'institution elle-même. "L'Otan, en tant que telle, n'a pas de centre d'entraînement. Donc, l'entraînement sera surtout assuré par les Etats membres", a-t-elle dit lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision Fox. Mais, la portée de la décision de l'Otan est aux yeux des Américains très symbolique d'un point de vue diplomatique. Le sommet de l'Otan va se traduire par "un engagement politique fort" des pays de l'Alliance à reconnaître "que l'avenir de l'Irak est important pour eux", a fait valoir Condoleezza Rice. Les Etats-Unis vont obtenir "un très bon soutien" de l'Europe, a-t-elle ajouté sur la chaîne ABC.En pleine campagne présidentielle aux Etats-Unis, ces déclarations à des médias américains visent à convaincre le peuple américain que les Etats-Unis ne sont pas seuls dans la difficile gestion de l'Irak de l'après-Saddam Hussein. L'adversaire démocrate du républicain George W. Bush, John Kerry, a vivement critiqué l'absence de soutien international à l'engagement américain en Irak.
