Annonce L'OSCE dénonce des législatives non démocratiques en Ouzbékistan Le régime autoritaire du président ouzbek, Islam Karimov, avait déjà été mis en garde à plusieurs reprises par les Occidentaux, pour le manque de progrès démocratiques du pays, où le gouvernement est notamment accusé de recourir systématiquement à la torture. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a qualifié, lundi 27 décembre, de non démocratiques les élections législatives tenues la veille en Ouzbékistan, une ex-république soviétique d'Asie centrale dirigée d'une main de fer par le président Islam Karimov. Les élections du dimanche 26 décembre ont été "loin des normes de l'OSCE et d'autres règles internationales pour des élections démocratiques". Les autorités ouzbèkes ont "échoué à assurer des élections pluralistes, concurrentielles et transparentes", a dit la mission d'observateurs de l'OSCE dans un communiqué. Les législatives de dimanche étaient a priori sans risque pour le régime autoritaire du président Karimov, les cinq partis prenant part à l'élection des 120 députés de la chambre basse lui ayant fait vœu de loyauté et ses opposants étant quasiment tous en prison ou exilés. "La similarité des plates-formes politiques des différents partis enregistrés a privé les électeurs d'un réel choix", a observé l'OSCE. La mission d'observateurs de la CEI (Communauté des Etats indépendants, ex-URSS sans les pays baltes), dominée par Moscou, a affirmé au contraire que les élections avaient été "légitimes, libres et transparentes". Les irrégularités "n'ont pas influé de manière significative sur la libre expression des électeurs et les résultats du scrutin", ont estimé ces observateurs dans un communiqué. LE RÉGIME EST ACCUSÉ D'UN RECOURS SYSTÉMATIQUE À LA TORTURE "Les conclusions de l'OSCE ne sont pas très importantes pour nous, et l'OSCE n'est pas la seule organisation" existante, a déclaré quant à lui M. Karimov, sans remettre en question cependant l'appartenance de son pays à l'OSCE. A 66 ans, cet ancien dirigeant de l'Ouzbékistan de l'époque soviétique, resté au pouvoir grâce à des scrutins et référendums controversés, avait dénoncé dimanche l'implication des Occidentaux dans des "révolutions" pacifiques, notamment en Géorgie et en Ukraine. Préoccupé par la chute du président Edouard Chevardnadze en Géorgie, puis le triomphe de la "révolution orange" en Ukraine, le régime ouzbek a accentué ces dernières semaines les pressions sur les organisations susceptibles de contester son pouvoir, expulsant notamment l'ONG Open Society du milliardaire américain George Soros. La dénonciation des législatives par l'OSCE fait suite à une série de mises en garde des Occidentaux envers l'Ouzbékistan. Washington, qui compte Tachkent parmi ses alliés dans la région depuis l'opération lancée contre les talibans afghans en 2001, a annoncé en juillet le gel de ses aides en raison de l'absence de progrès démocratiques. Le régime ouzbek est notamment accusé d'avoir recours systématiquement à la torture, et de réprimer par centaines des militants islamistes. Le pays a été frappé par une série d'attentats meurtriers au printemps à Tachkent et à Boukara, suivie d'une vague d'arrestations et de condamnations dénoncées par les défenseurs des droits humains. La Commission électorale, selon laquelle plus de 85 % des 14,3 millions d'électeurs ont participé au vote de dimanche, a indiqué qu'elle en donnerait les résultats dans les dix jours.